Que de regrets inutiles dans mon poème, que d'évènnements passés mais auxquels je pense tous les jours. J'aurais juste aimé savoir que ce n'était pas ma faute, mais j'étais trop jeune pour penser que les adultes pouvaient se tromper ou ignorer certaines choses.
Démasquée:
Mes mains tremblaient, plume dans la main,
On me reprochait que je n'écrivais pas bien.
Mes cahiers étaient revêtus de lettres imparfaites.
On m'a toujours dit que j'étais vouée à la défaite.
À dix dans, maladie, tu t'en es pris à mon corps...
Je n'ai rien pu dire, même si je n'étais pas d'accord.
Nul ne savait que tu étais en moi et moi non plus,
On se moquait de mon physique : l'avez-vous vue ?
Et moi je croyais que tout était de mes vices,
Que je payais ainsi mes défauts incorrigibles.
Je mangeais, j'avais faim, c'était un supplice,
J'étais immense et surtout bien risible.
Le médecin lui même commentait ma taille,
Se répandant en reproches qui n'étaient que détails,
Mais jamais il ne pensa que tu m'avais attaquée,
Il ne fit que me reprocher de toujours trop manger.
Il faisait froid mais mon corps entier brûlait,
J'avais chaud, sans arrêt, mais je tremblais.
Personne ne me dit jamais ce qui m'arrivait.
Chacun savait, personne ne s'en préoccupait.
Je me suis battue seule contre ce que je ne savais pas,
Passé des heures à courir pour être belle comme les autres,
Passé des heures à souffrir d'une fatigue qui s'en alla.
Je me battais contre des défauts dont tu étais le seul apôtre.
Éreintée...
Essoufflée...
Abîmée...
Et à jamais marquée...
Mais victorieuse...
Mais heureuse ....
Et puis un jour j'ai su que mon défaut était en fait maladie,
Que c'était elle qui m'avait apporté ces moqueries,
Que j'avais vaincu seule ce que les médecins n'avaient pas vu,
Que rien que par l'espoir, ma vie venait de m'être rendue.
Ce poème, c'est pour regretter le temps perdu à m'en vouloir,
C'est pour dénoncer les moqueries de ceux qui ne savent rien,
C'est pour remercier ceux qui m'ont tendu main sans savoir,
C'est pour vous dire que la maladie ne doit pas barrer votre chemin.
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"Et dans mon rève, nos ailes d'or se déploient et un seul esprit nous unit toi et moi ... "