N’oublie jamais…


Plus aucun rêve en bordures de ses paupières
Un battement, un geste d’elle souvent il espère
Il l’imagine ballerine au tulle de ses souvenirs
Souveraine de son destin aux ailes du devenir

Désormais seule douce une mélodie elle reconnaît
Faible lueur dans ses yeux noircis au feu déserté
Un air passé en boucle il lui murmure en aparté
Pour peut-être juste un instant l’entendre fredonner

Les paroles que ses lèvres du lointain déposent
Laissant des traces sur des joues qu’elles arrosent
Sa mémoire n’est plus que miettes jetées au temps
N’étant plus qu’un inconnu marchant dans son néant

Langueur d’heures s’écoulant au silence d’une maladie
Figeant le présent emportant hier dans une spirale infinie
Au grenier de son esprit les images d’eux entreposées
Au coffre les espérances sont prisonnières à perpétuité

Remontant l’allée ses pas enchainés au verbe Oublier
Un rituel des jours qu’il promène sur ses épaules voutées
Les aiguilles d’un cadran venant inévitablement s’enlacer
Pour l’heure l’histoire referme ses grilles en fer forgé

Lui si s’essoufflé d’avoir tant crié… N’oublie jamais
Quand sa vie devint nuit au fil de ses soupirs effilochés
A l’encrier d’un soir de solitude s’est confiée sa plume
Son Elle survit derrière des murs enveloppés de brumes…


Romane


La maladie d’Alzheimer emporte dans les abimes de l’oubli
laissant aux proches des larmes d’impuissance.
Poème fictif en hommage aux mémoires envolées…