Dans l'ombre de la terre elles vont chuintant,
Larmes toutes menues d'argent et d'éphémère
Et de messes basses sans cesse murmurant,
rejoignent au matin la jolie source claire.

Dans l'aube émerveillées elles vont frétillantes,
Former toutes en coeur le gentil petit ru,
Ce fol qui court les plaines au soleil nonchalantes
En sifflotant joyeux entre les brins menus.

Dans le cours du ruisseau bouillonnant de faconde,
Il viendra se mèler dans un gai clapotis,
Et voguera cette eau limpide et vagabonde
Qui virevolte et chante et qui toujours s'enfuit.

Puis un jour le ruisseau ,las de ses turbulences,
Dans la rivière bleue viendra s'abandonner
Et réver et bruire quelques douces romances,
En caressant l'ajonc et l'omble chevalier.

Jusqu'à la mer calmée dans l'eternelle ronde
Jusqu'à la nuit des temps,sous la vôute des cieux,
Par monts et merveilles,même si le ciel gronde,
Chantera l'eau vive , cet élixir des Dieux ...