Au tranquille matin
Sur le bord d’un chemin
S’en allait tout penaud
Un fort bel escargot.
Au temps du lourd sommeil
Il tonna sans pareil,
Faisant qu’avec l’orage
On gardait son garage.
Ainsi donc en glissant
Pour rejoindre l’étang
Notre gastéropode
Se rendait au synode.
Il faut dire en premier,
Du sang de mon plumier,
Que la faune en folie
Se faisait très polie.
Aux abords de la mare
Un joyeux tintamarre
Lui fit dresser les cornes
Qui trônèrent en bornes.
On eut dit un gonio
Détecteur de duo
Qui surprit deux grenouilles
Déclinant leurs bafouilles.
Comment allez-vous Sieur
De ce pas farfouilleur ?
Avez-vous quelque vue
Sur l’air de la revue ?
Ou bien votre silence
Est-il de circonstance ?
Venez donc vous mêler
Au chœur sans quereller.
Mesdames les choristes
Qui jouez les artistes,
Au banc du nénuphar
Pour animer le bar,
Portez vos vocalises
Comme des chants d’église
Et donnez du ressort
A ce monde qui dort !
L’escargot fort impie
N’avait point pour envie
De prier dans ces lieux
Par un temps si pluvieux.
Il s’enquit d’une dame
Pour siffler dans la gamme ;
Et trouva pour ténor
Un tout autre renfort.
Le soleil écoeuré
Par un si grand toupet
Se mit soudain en place
Pour éclairer la classe.
Et dès lors un concert,
Tel un divin dessert,
Vint nous faire oublier
Les cris du sablier.
