Le roi
Quel est ce bruit de fond qui ressemble au tonnerre
Et qui mêle des gens brandissant le bâton ?
Serait-ce la révolte au pas de la colère
Qui s’avance vers nous en parlant le Breton ?
Le fou du roi
- Messire ! Vos sujets sont de forts détracteurs
- Qui viennent d’un pas lent vous parler en victime.
- Ils sont exaspérés par vos prédicateurs
- Qui, sans jamais agir, les mettent en déprime.
Le roi
L instant n’est point venu de partager le beurre
Car partout le pays se démène à l’effort ;
Or le diable en personne agite son doux leurre
Entravant les ardeurs des faibles sans renfort.
Le fou du roi
- Que Dieu vous vienne en aide au moment du discours
- Car mentir est pêcher et mène à la disgrâce.
- Vous nous dîtes, un jour, ne point aimer les cours
- De la bourse, surtout, quand vous briguiez la place.
Le roi
Les jours se suivent tous, mais les temps sont changeants,
Et mes mots d’autrefois ont changé de nature.
Pourquoi voulez-vous donc que quelques indigents
Entravent sans Ă©gard toute ma mandature.
Le fou du roi
- A chacun son profil ; or le votre est bien rond
- Quand le monde en disette est plutĂ´t dans la rue.
- L’ouvrier étranglé sera toujours marron
- Et sa réclamation déclarée incongrue…
Le roi
Cessons là l’entretien ! Puis soignez vos propos
Qui, loin d’être polis, me causent de la peine.
Savez-vous qu’au palais, on parle de complots
Pour nommer cette marche engagée avec haine.
Le fou du roi
Que nenni, mon bon Roi, le monde en a assez
De ces engagements qui promettent sans cesse.
Aujourd’hui comme hier les gens sont harassés
Car voyant le pouvoir en pérenne faiblesse.