Lorsque j'étais enfant, à l'âge insouciant,
J'accompagnais ma mère à la claire fontaine
Non pour nous y baigner mais pour puiser de l'eau
Nul ne songeait alors à ménager sa peine
La source murmurait au bas d'un chemin creux
C'était le rendez-vous des jeunes et des plus vieux
Autour, dans les bosquets voletaient les oiseaux
Je descendais la côte en gambadant gaiement
Et faisais tournoyer ma cruche miniature
Au retour, en montée, la tâche était plus dure...
Ma mère portant ses seaux marchait péniblement
Chaque jour à peu près on nous voyait refaire
Même parcours, par grand soleil ou mauvais temps !
Mon Dieu me direz-vous, en voilà une affaire !
Mais qu'avait donc cette eau pour vous séduire autant ?
Croyait-on que la boire conservait la jeunesse ?
Procurait-elle au moins, une certaine ivresse ?
Avait-elle des pouvoirs quasi miraculeux ?
Eh bien non mes amis, je vous en fais l'aveu :
Cette eau tout ordinaire nous était nécessaire
Car chez nous, nous n'avions que celle tombée des cieux !
Il a fallu attendre encore bien des années
Avant que l'eau courante nous soit distribuée.
C'est pourquoi maintenant je pense très souvent
Aux femmes africaines qui portent chaque jour
Le lourd fardeau de l'eau qui leur manque toujours
Et que nous gaspillons inconsidérément...
Automne