Plume de platine Inscrit le: 31/12/2006 De: Chlef / Algérie Envois: 7619 |
Maman
Maman
Tu m'as légué un bien qui coûte les yeux d'une vie Auquel je suis soumis, esclave et asservi, Du temps qui passe sans frein dans la mêlée des jours Pour effacer demain mes souvenirs d'amour, De l'air qui vente la nuit pour enterrer hier Parmi les os témoins des pierres du cimetière.
Tu m'as légué les vagues d'un océan de larmes Pour irriguer mes fleurs de beauté et de charme, Le ciel qui prend mes rêves sur un nuage berger Qui vole ma bonne étoile dans son élan léger, La terre qui tourne ailleurs dans un chemin écrit Parmi la foule des tombes des hommes qui ont péri.
Tu m'as légué un arbre qui cache une grande forêt Avec des oeufs éclos au nid pour espérer Migrer parmi les oies à la ruée de l'or Quand le soleil s'en va dès que la lune s'endort, Un joyau dans une île perdue dans un désert Parmi les grains du sable épargnés de la mer.
Tu m'as légué un feu aux creux des mains fermées Qui brûle le champ autour des plantes que j'ai semées, Une chair cousue de plaies blessée dans une bataille Martyre qui finira pondue dans une muraille, L'écho d'une voix d'enfant qui pleure dans le silence Parmi les hommes partis dans un cercueil qui pense.
Tu m'as légué du vide dans un plat de vapeur Fourré de peine d'absence dans le flot de mes heures, De l’eau qui sue du front de la moisson salée De la récolte d’un fruit jadis dans la vallée, La neige qui fond toujours sous un soleil d’été Parmi les rus qui coulent des roches qui ont chuté.
Tu m’as légué le chant que les oiseaux fredonnent Dans le voyage des feuilles emportées par l’automne, De la lumière pour voir la toile de l’habitude Porter dans ses couleurs chagrin et solitude, De la chaleur du pain dans un festin gelé Parmi les autres hommes que Dieu a appelés.
Kader...
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