Échange de désirs !


Elle

Vous m’avez dit, Monsieur, éprouver du désir
Qu’entendez-vous par là ? Pouvez-vous préciser
Est-ce une fantaisie ou façon de parler
Pourriez vous l’expliquer ou mieux l’approfondir.

Lui

Madame mon désir est puissant et complexe
Il contient l’attirance, le besoin et l’envie ;
Convoitise il devient, caprice, ou fantaisie
Sans compter tous les termes que ce vocable annexe.

Il se fait appétence, aspiration, attrait,
C’est une intention, un penchant, un caprice,
Il est le préambule au plus profond délice
Il est vœu exaucé et sommet du souhait.

Elle

Oui, vous avez des mots qui savent bien me plaire
Mais ce désir Monsieur cette envie cette ardeur
Est-il fait de rudesse de subtile douceur
Est-il de la folie le doux préliminaire.

Lui

Imaginez Madame un profond sentiment
Qui chamboule mon cœur ; une inclination
Qui ne veut plus que vous unique obsession,
Une âme abandonnée à l’envahissement.

On succombe à l’envie qui se fait curieuse
Désirer c’est aussi donner pour recevoir
On voudrait un accueil digne de ses espoirs
Équilibrer le don, la conquête furieuse.

Elle

Monsieur vous évoquez le combat sensuel
Où le désir progresse, envahit et domine
Les visées possessives ont toutes pour origine
Les chaleurs lascives et l’attrait corporel.

Est-ce l’appel banal d’une mâle vigueur
Le besoin d’assouvir l’interne turbulence
Ou l’animalité disant son exigence
Qui pour vous, du désir, est le simple moteur.

Lui

Je serai plus précis ; vous savez mon penchant,
Vous occupez, Madame, mes rêves chaque nuit,
Je forme des vœux fous j’en sors tout ébloui
Et l’insomnie devient un songe délirant.

C’est une stratégie, un complot qui se trame,
Je dois séduire, charmer, me faire à votre goût
Tout doit être plaisant, tout vous doit sembler doux
Je vous donne un amour qui est un calligramme.

Bien sur le corps ne peut devenir impassible
Le désir le parcourt en allumant ses feux
Il vous faut ressentir que monte peu à peu
Mon besoin, mon envie, attirance inflexible.

D’abord tout vous donner, exaucer sans rien prendre,
Il faut que votre envie épanouisse sa force
Que murisse un besoin sous votre belle écorce
Que vous soyez choyée, ivre de chaleur tendre.

Je vous avoue mon but, car j’aime vous aimer,
C’est créer une faim en votre assentiment
Être à la fois capture et dompteur patient,
Devenir animal, savoir vous affamer.

Assouvir un désir d’attirance physique
N’est pas digne des joies que l’on doit à l’amour
Il faut érotiser Vénus, faire sa cour,
Devenir sensuel autant que romantique.

Consacrer son savoir, la douceur de ses gestes
À trouver les rouages de l’épanouissement
Oser quelques folies mais avec sentiment
Mesurer les bienfaits des bonheurs manifestes ;

Découvrir les chemins des plaisirs que construit
La brûlure profonde du besoin de partage
Éveiller chaque sens recevant des hommages
Lever des soleils fous au milieu de vos nuits.

Voyager réceptif au plus douces demandes
Faire de chaque baiser une marche franchie
De l’escalier de feu ou se cache l’envie,
Mêler les joies voraces aux extases gourmandes.

Percevoir les réponses du corps sollicité
Et ralentir le flot si l’onde se déchaine
Dès la vague passée amorcer la prochaine
Faire un arc tendu d’une féminité.

Puis donner sans compter à l’accueil magnifique
Recevoir en échange l’équilibre des sens
Structurer le plaisir, le changer en démence,
Exulter, assouvir la fournaise magique.

Et brides détachées sublimer l’espérance
S’avouer, corps vaincu, de folles appartenances
Sans cesses parcourir de lascives errances
Et brûler à nouveau de l’intime relance

Elle

Vous avez évoqué tant de choses charmantes
Que l’envie m’est venue et que de vos désirs
J’aimerais bien savoir s’ils deviendront plaisirs
Et si vos attentions se feront exaltantes

Du domaine des mots quittons la théorie
Et montrez-moi Monsieur les aimables pratiques
Que vous avez ornées de vos rimes classiques,
À ma féminité offrez votre folie.

Olucinep XIII 05 MMXII

un très beau texte au coeur du désir, quel régal,


yann

Une analyse passionnante et approfondie du désir ! Prudente la dame... J'ai adoré !

Olucinep.

Ouf! ouf ! j'ai littéralement bu tous les mots.

Olucinep ! quel cadeau ! pour moi, un ressenti très fort, une extase de mots. un vrai feux d'artifice mais sans artifice, là, nus, dévoilés.

Je suis époustouflée. J'aime cette sensualité.

Quel talent ! je suis sincère. Il faut que je relise ce moment d'éternité.

Arwen24

Mon amitié.
Merci.

Nulle ne saurait résister à telles entreprises !
Partez donc à l'assaut, en hardie conquête !
sachez mettre promptement, mon cher poète
sur le gâteau de ces vers, galante cerise.

Grodele

Oui très cher! Suffit la rhétorique Monsieur
Discourir de la sorte met la langue aux abois
Vous parlez, "l'Architecte" seriez-vous prétentieux
Vous creusez le sujet et me mettez aux cieux
Vous montez au créneaux de profession de foi
Pour l'instant je ne vois que le travail des doigts....