"Les embruns sont le sel des échos abyssins"
I/
Je ne suis pas ici où s'efface le temps
Et je chasse désir de voir l'instant qui passe.
Donnant à mon loisir le gré de son comment,
Je goûte le nectar d'âme qu'amour délasse.
Tu marches résolue et tes cheveux flottants
Ont l'air de m'ignorer. Tes élans sont croquants
De houle frissonnante au lancer de la nasse.
II/
Sur le sel de ta peau je vogue un océan
De vagues émotions où mon feu s'encourage.
Au dam du mal d'élan, je chante au dieu Péan,
Aux courants alizées de traversées sans âge.
Je me noierai au sein de la mer. Un soupir
Et son chaud tourbillon viendront me retenir.
Les Sirènes lutines loueront mon doux naufrage.
III/
Quand d'un geste anodin, tu effleures ta tempe
Et que s'ombre, critique, un trop vague sourcil,
Je voile mon regard qu'une brume détrempe.
Et perle d'Amazone ourle un discret babil.
Orénoque fougueux aime à courir ses jeux
En mirois animés de desseins langoureux.
Cascade, coeur qui bât, prévient fleur de l'éxil.
IV/
Tu m'as conduit au port du confort en tes bras,
Quand un vain sémaphore, à l'éclair nu en grève,
Avait dressé Scylla et crochets de cobras.
Tu n'aimes pas Circé, la briseuse de rêve.
Tes plages ont des soleils où ,blond, brûle le sable
Et l'oubli noir s'enfuit en île misérable.
La nuit des temps finit où une aube se lève.
V/
Tapie en fond de cale où les secrets demeurent,
Une plante éxotique attend de voir sa terre.
Sa mémoire dorée où tout les chagrins meurent,
Lui murmure à l'envi que l'étau se resserre.
Le bonheur oublié retrace cette ligne
Que toi tu caressais et regrettais d'un signe.
Et je te dis enfin:"A ce trait je m'enferre."
Erehwon
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Un tien est une illusion mais vaut peut-être mieux
que le vain Tu aurais pu l'avoir!