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     L'enfer (prĂ©cĂ©dĂ© d'un avertissement)
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Expéditeur Conversation
Carme
Envoyé le :  29/9/2009 13:39
Plume d'or
Inscrit le: 13/1/2008
De:
Envois: 562
L'enfer (précédé d'un avertissement)
AVERTISSEMENT

Chers Oasiens, j'ai longtemps hésité à publier le texte qui suit pour deux raisons :

- d'une part à cause de sa longueur. Il est long, très long et il pourrait décourager beaucoup d'entre vous. Je le comprendrai mais je ne pouvais me résoudre à le couper en plusieurs parties. Il est, selon moi, à lire d'un seul trait.

- d'autre part, en raison de son sujet. Ce texte est une véritable descente en enfer, une longue et interminable descente en enfer ! C'est un poème d'une noirceur absolue et d'une violence inouïe. Il est ma vision de l'enfer. Attention ! Certains passages pourraient heurter les personnes sensibles. Je les invite donc à s'en détourner.

Carme



L'enfer

Nous dormions heureux, insouciants, désinvoltes,
Légers à l'excès, indifférents aux révoltes,
Une génération pendue aux fruits du progrès,
Prisée de paillettes, avide de succès.
Un spectre vint Ă  nous, blanc fantĂ´me insolite,
Nous sortit du sommeil et lança cette invite :

_ RĂ©veillez-vous ! Levez le voile des torpeurs !
Accompagnez-moi, mes amis, mes doux rĂŞveurs !
Je vais vous emporter près de l'œil du cyclone,
Dans un endroit abscons, très loin de toute aumône,
Ignorant la pitié ; lieu d'avilissement
N'inspirant que répugnance et vomissement !
Couvrez-vous, bienheureux ! Là où je vous emmène
Les glaciers, les déserts sont de la même veine.
Là-bas, vous connaîtrez un fort ébranlement,
L'insolente apogée du dépaysement !
Voyez Ă  l'horizon les colonnes de justes,
D'innocents traversant, comme des troupeaux frustes,
Les steppes immondes gardées par des mâtins,
Survolées de vautours amateurs de festins !
Empruntez cette route escarpée, sinueuse,
Dont les entrelacs font des S de forme odieuse.
Suivez ses méandres jusqu'à l'obscurité,
Et là, vous atteindrez un monde d'obscénité
Aux rivages abjects, dépravés et féroces,
Aux paysages durs, sardoniques, atroces !
Poursuivez votre course et allongez vos pas.
L'itinéraire est là, fléché d'yeux scélérats
Qui vous suivent comme on guette des proies faciles.
Surtout ne montrez pas que vous êtes fébriles !
Vous pourrez bientĂ´t vous morfondre, vous languir
En des régions troubles, ancrées dans le nadir.
Oui, encore un effort ! Bon gré, bonne fortune !
Vous arrivez tout près, par cette nuit sans lune,
Après tant de périls, après tant de dangers,
Tant d'Ă©motions fortes aux effets passagers,
A l'orée du martyre et de la pourriture,
Au pied d'un précipice, d'une grande fracture !
Franchissez cet espace sacrilège, tabou,
Frontière entre la netteté et le flou.
Admirez ces bûchers géants et leurs fumées !
On dirait sans doute d'immenses mausolées
Bâtis à la gloire de quelque prince ou dieu,
Érigés doctement en longs signes d'adieu !
Venez et approchez ! Voici le noir repaire
Sur lequel débouche le chemin du calvaire !
Comprenez oĂą vous ĂŞtes et soyez vigilants,
Vous entrez dans le royaume des morts vivants !

Pensez un seul instant, pensez Ă  l'impensable,
A une mer sans eau, à un désert sans sable.
Songez Ă  un endroit hors des lois, hors du temps,
Où la désolation règne depuis longtemps,
Une juridiction sans appel, souterraine,
OĂą seuls ont cours la peur, le supplice et la haine.
Imaginez ce lieu, trĂ´ne du cauchemar,
OĂą tout est fait de nuit, oĂą tout semble brouillard,
Un univers d'effroi, un havre de souffrance,
Des scènes de terreur de rare violence ;
Imaginez l'horreur dans sa maturité ;
L'indicible accompli, l'innommable exprimé ;
De longs déferlements fétides et funèbres ;
Des flux de cruauté, des reflux de ténèbres ;
Le règne omniprésent du sombre, de l'obscur ;
Des fresques de douleurs ; des seaux de fiel impur ;
Le courant continu des flots de la démence
Portant la barbarie jusqu'Ă  la jouissance ;
Des torrents incessants de sang Ă  profusion,
Eau de la vie et prix de la persécution ;
Partout, des gaz mortels, des lacs couverts de flammes,
Des stèles tombales, des châtiments, des blâmes,
Le froid incandescent et le feu hivernal ;
Des concepts admis... un renversement total !
Là, débute le mal et la sauvagerie,
Le néant avide qui mène à la furie,
Le culte organisé de l'éradication,
Le cours méthodique de l'aliénation !
Ici, viols, crimes, sévices, ostracismes
Ne sont, au quotidien, que de doux euphémismes.
Ici, s'opère à vif un long acharnement
Contre toute forme d'idée ou sentiment !
Ce qu'il se passe ici ? C'est une banqueroute
De vos certitudes, une sortie de route
Incontrôlée menant à la putréfaction,
C'est l'effondrement de la civilisation ;
Le sacre réfléchi, pernicieux du sadisme,
La rage humaine poussée à son paroxysme !
C'est un affaissement d'une très grande ampleur,
Un glissement profond, continu dans l'horreur,
Une descente dans les tréfonds de la terre,
Une chute dans les entrailles de la sphère !
Ce qu'il se passe ici heurte l'entendement,
C'est l'apocalypse, l'anéantissement...

Voici l'antipode de la raison ardente,
Les vils marécages de la pensée démente,
Ces marigots glauques oĂą se vautrent, hideux,
Des ĂŞtres Ă©tranges, hostiles, monstrueux !
Approchez-vous du bord de l'arène fatale
Et contemplez debout la destruction totale ;
Admirez ce sommet de la rapacité,
Capitale du mal, de la férocité ;
Vous voici au milieu de l'occulte tourmente,
Le saint siège du mal absolu, où serpente
Le parfum répugnant, infect de l'oppression
Qui éprouve les sens jusqu'à la répulsion.
Plongez dans ce puits d'amertume, couvert de brume,
OĂą le plomb s'envole et tombe Ă  jamais la plume ;
Imprégnez-vous des sons, des odeurs, des visions ;
Voyez les brimades, insultes, vexations,
Tout ce qui s'en prend à la dignité des hommes
Et se traduit par coups, plaies, chocs et hématomes.
Ici, c'est Satan qui s'accouple Ă  Thanatos,
C'est la sordide union des abysses au chaos !
Songez à des contrées flanquées de solitude
Où la morbidité atteint sa plénitude,
De froids paysages balayés par les pleurs
OĂą les rayons du ciel sombrent dans les torpeurs,
D'immenses Ă©tendues couvertes par la cendre
Que seule la folie meurtrière engendre,
De mornes théâtres ensevelis, lestés
Sous le poids du mépris et des brutalités,
Un continent d'humeur rustre et nauséabonde
Cerné par les clameurs d'une obsession profonde,
Un océan serti de gouffres et d'écueils
Où chutent les damnés, où flottent les cercueils.

Voici l'antre infernale aux Ă©ternelles flammes,
Sinistre empire de la damnation des âmes,
Palais du châtiment, haut lieu de l'abjection,
Terrible dédale jusqu'à l'expiation !
Ce qu'il se passe ici est une catastrophe
Qui laisse incrédule penseur ou philosophe,
Un séisme inouï renversant les valeurs,
Les idées au profit de tous les prédateurs ;
Un cataclysme d'une intensité unique
Favorisant l'avènement d'un monde inique,
Spectral, surnaturel ayant pour vocation
L'obscène volonté de la dévastation.
DĂ©lestez-vous ici de votre lourd fardeau,
Vous entamez la longue descente au Tombeau !
Vous ĂŞtes parvenus au plus profond des limbes
Où l'on châtie durement quiconque regimbe ;
Lieu indescriptible, lieu sans comparaison,
Impénétrable et réfractaire à la raison.
Dévalez sans crainte l'irrémédiable pente,
L'abrupte falaise de la chute aberrante.
Descendez encore, toujours plus loin, plus bas
Jusqu'à cette profondeur appelée magma ;
Glissez vers cet endroit, su des anciens, l'Erèbe !
De grands maux y sont promis à ceux de la plèbe.
Ici, aucun émoi, aucune humanité !
N'attendez ni l'amour, ni la félicité !
Oui, aucun Empyrée ! C'est ce séjour barbare
De la rancœur et de l'effroi nommé Tartare !
Ceux qui le visitent verront la spoliation
De leur intégrité, la suprême ablation.
Vous voici arrivés, vous pénétrez dans l'antre.
Voyez ces cellules : à l'intérieur, diantre !
On trouve, affligés, les derniers parvenus
Qui attendent ici, transis de froid et nus,
Leurs grands yeux effarés et les mains suppliantes,
Les genoux écorchés, les côtes apparentes.
Ils attendent muets, comme paralysés,
De savoir quels futurs, quelles fatalités
A-t-on organisé pour leurs maudites vies,
Quels néfastes destins, vers quelles agonies
Va-t-on les préparer, va-t-on les dévorer ?
Ils patientent, prostrés, le retour du nocher !

Pénétrez maintenant dans les égouts du globe,
Un fumet de peste et choléra vous englobe,
Une puanteur fauve imprégnant vos habits
Va bientôt infester vos cœurs et vos esprits.
L'œuvre de prédation, comme à l'accoutumée,
Entreprend sa danse macabre et syncopée
Aux premiers grognements lubriques et pervers
Des chiens sanguinaires, la meute des enfers.
La symphonie obscure entame sa traversée,
Armez votre départ pour l'ultime odyssée !
Vous allez chavirer dans les flots du déclin,
Vous allez succomber dans de grands bras d'airain !
Oui, aucune exception, ni aucune amnistie !
Tout est prédit, inévitable prophétie !
Aucun regret, aucun remords, rien que la mort !
Dantesque exaltation du sacrement retors !
Voici la voie bornée de ruines et de spasmes,
Sentier sanguinolent coloré de miasmes,
Domaine carnassier dépourvu de beauté,
Triomphe de la laideur et de l'anxiété,
Bourrasques de fureur, tempĂŞtes de panique,
Déchaînement mental, explosion maléfique,
Monde de soumission, monde d'humiliation
Dominé par l'arbitraire et la suspicion,
Doctrine écœurante, périple mortuaire,
Livrant les bas instincts d'un joug totalitaire,
Seuil irréfragable du deuil perpétuel,
Vestibule effarant du chagrin graduel,
Sombre catacombe de la vraie pénitence,
Mystérieux caveau de l'âpre déchéance,
Suprématie de la cécité sur le bien,
Victoire d'un ordre laid, antédiluvien,
Noire Ă©dification d'une vertu tyrannique
Ayant pour but : la purification Ă©thique !
L'idolâtrie du mal par la profanation !
Le fourbe assassinat par l'incinération !
Nul espoir, nul projet, aucune perspective !
Tout est promis au feu, au froid, Ă  l'invective,
Aux vagues de l'ombre et de la malédiction,
Aux forces du malheur et de la perdition.
N'espérez ni salut, ni même délivrance,
Tout se veut perfidie, hargne et intolérance.
Tous ceux qui entrent ici ne ressortiront pas
Et vivront, dociles, un infâme trépas.
Ici, point de pardon, point de miséricorde !
Menu du jour : garrot, gibet, billot ou corde !
Ici, ni clémence ni commisération,
Vous atteignez le point de l'extrĂŞme sanction !
Voyez ce monde cynique, angoissant, inflexible
Qui se nourrit d'âmes et vomit sur la bible,
C'est le couronnement de la bestialité
Brisant les consciences jusqu'à l'éternité.
C'est un événement sans précédent, opaque,
Une lourde chape, malsaine, démoniaque,
Qui s'abat durement, pareil Ă  un ouragan,
Sur tous les ĂŞtres : hommes, femmes et enfants !
Une virulente pluie de blessures, d'injures,
Coups de pied et de poing, crachats, mille brûlures !
Voyez l'envoûtement de ces êtres hagards,
On dirait des zombies aux sulfureux regards !
Touchez cet univers, bien réel, tyrannique,
Où tout se veut lâche, détestable, tragique ;
Entrez dans ce lieu saint de la coercition,
L'ignoble sanctuaire de la négation !
Entendez bien les cris des frénésies sauvages
Qui résonnent sous la voûte obscurcie des âges ;
Entendez des mourants le long mugissement
Qui déchire la toile éternelle des Temps.

Pénétrez dans l'inextricable cathédrale,
Dans cette caverne vouée à la cabale,
Tanière où séjournent les dévots de Satan,
Lugubres serviteurs d'un monde hallucinant.
Oui, vous entrez, ici, dans le long labyrinthe,
Lieu ingrat, graveleux d'oĂą s'Ă©chappe la plainte
Sourde, lancinante de tous ces malheureux
Conduits sèchement vers un destin nébuleux.
Regardez Ă  travers la faille, une autre dimension
Se révèle, affreuse, pleine de confusion,
Un cercle d'angoisse jonché de sépultures
Inspirant à l'esprit dégoûts et vomissures,
Provoquant une onde de tonnerre et de glas,
Un grand raz-de-marée de foudre et de fracas.
Explorez ce trou noir, précipice insondable,
Vertigineux ravin, farouche, implacable,
Dont les ternes parois sont des miroirs béants
Couverts de chair, de peau, de sang et d'excréments.
Image effrayante ! Canevas de délire !
Muraille vivante qui remue, qui soupire !
Des formes difformes, des râles infinis,
D'obsédants mouvements, de redoutables cris !
Vous atteignez le bord de l'horrible cratère,
Noir volcan dégageant une sombre lumière,
Énorme fournaise où brûlent les innocents,
Brasier impitoyable ouvert aux indigents !
Ici, tout transpire le vice et le blasphème.
Quintessence du mal, socle de l'anathème !
Vous touchez le centre d'un torrentiel tourment
OĂą le meurtre gratuit est Ă  son firmament.
Aucune fantaisie, aucune insouciance,
Tout se veut sectarisme et dégénérescence !
Un venin diabolique, de saturation,
Suinte Ă  travers ces murs de lamentation !
Ici, pas de procès, ni aucune espérance,
Tous sont enregistrés pour l'unique sentence
Et sont acheminés vers leur funeste sort...
Et, Ă  perte de vue : la mort ! la mort ! la mort !

Oui, regardez partout, lĂ  oĂą votre Ĺ“il se pose,
Vous verrez la folie à son apothéose,
Le temple suprĂŞme de l'extermination,
Vaste génocide, l'ultime punition !
Des êtres en lambeaux rongés par les pénombres,
Des cascades de viscères et de décombres !
Partout les hurlements glacés de la terreur !
Partout des tableaux inspirés par la fureur !
Entendez les rugissements de la colère
Qui soufflent âprement sur ce lieu austère ;
Écoutez les soupirs de ces infortunés
Qui souffrent les mille maux des mille péchés ;
Respirez les relents pestilentiels des tombes
Que l'on remplit sans arrêt ! Ô, que d'hécatombes !
C'est le règne de l'Hydre et du noir Léviathan,
La géhenne, l'essence antique du néant !
Entrez, voici l'heure de servir la pitance !
Voyez avec quelle frénétique appétence
Se ruent-ils pour voler le moindre bout de pain.
Observez-les, rongés par la soif et la faim,
La gangrène et les rats, la toux et la vermine ;
Regardez ces larves baignant dans leur urine,
Ces vers faméliques, ces gens sans Sainte Foi,
Ces traîtres, ces félons, ces bâtisseurs de croix,
Frappés par le scorbut et la dysenterie,
Ces squelettes vivants candidats Ă  la vie
Ravagés par les pustules et les lésions,
Ces spectres désœuvrés immolés par légions !
Des files entières d'individus livides,
Résignés, abattus aux yeux fixes et vides
Transportés sans ménagement et sans savoir,
Pour quelle hérésie, direction l'abattoir !
Ă” troupeaux de bĂŞtes, Ă´ amas de charognes !
Les hordes de démons font leurs basses besognes.
Ils vont et ils viennent, et, insatiables de sang,
S'évertuent de bonheur à leur devoir, céans !
Suivez ces tâcherons véreux de l'impossible
Froids bourreaux pour qui toute chose est une cible,
Une proie procurant un plaisir, un frisson
Puissant, démesuré ! Ô, funèbre oraison !
Vertige inébranlable, ossuaire incroyable,
Terrifiant icĂ´ne, cuisine lamentable !
Le chaudron des sanglots bouillonnant de ferveur,
Aiguise l'appétit des anges de rancœur.
Ô, l'épouvantable spectacle de démence
Qui se joue Ă  vos pieds ! Et voyez en silence !
La nuée d'éboueurs de l'empire infernal
S'active à son travail moribond et létal,
Ici, en ramassant les dépouilles putrides,
LĂ , en les enterrant, avec des yeux placides !
Gardiens hirsutes, artisans fiévreux,
Gardes-chiourmes zélés et méticuleux,
Noirs escadrons haineux, blafardes créatures,
Experts inquiétants en crimes et tortures,
Toute la pègre de triste connivence ici,
Unie par un serment, dans un mĂŞme souci,
Servir aveuglément le dogme de bassesse,
Instrumenter l'horreur par delà la détresse !
Célébrer rites et boulimiques pulsions :
Messes noires, sacrifices et incantations !

Alors, jouissez ! Ici, on moleste, fustige
Là, on bafoue, flagelle, assène, malmène, inflige !
Gavez-vous, car ici, on trucide, on occit,
Supprime, exécute ou étripe ! On assainit !
Une promiscuité de sorts inexorables ;
Un tourbillon des affres inimaginables ;
Un holocauste en marche Ă©branlant les nations ;
Des secousses rasant toutes vos fondations ;
Des peines inouĂŻes, boucheries colossales ;
Les fruits défendus de conceptions immorales !
Une devise pour tous : pères, mères, fils :
" Ailleurs on tue le temps, lĂ  on rase gratis ! "
Pataugez Ă  souhait dans l'immonde cloaque
Où l'on achève les mourants à la matraque,
Noir et infect bourbier fait de lisier humain
OĂą flottent encore un pied, un Ĺ“il ou une main.
LĂ , Ă  votre gauche, un attroupement de femmes
Qui vont bientôt subir des outrages infâmes ;
Devant vous, des vieillards, malades, anxieux,
Appelés à goûter au supplice du pieux ;
Plus loin, un grand tas de chiffons et de poupées
Laissés là par des enfants partis en fumées ;
A droite, des hommes lapidés ou rompus,
Émasculés, asphyxiés ou pendus ;
Non loin de là, une mère enceinte éventrée,
le fœtus cloué à son cœur, sa fille aînée
De deux ans, la tête enfoncée dans son vagin !
Partout, le chef-d'Ĺ“uvre triomphant du Malin !
Incarnations du mal brutales, inassouvies !
Expériences : vivisections, lobotomies !
Scènes de déluge ! Que de corps mutilés,
De crânes fracassés, de membres disloqués !
Rien que des tueries et rien que des carnages !
Partout l'insoutenable : amputations, dépeçages !
Le courroux des enfers en pleine production,
VĂ©ritable Ă©ruption de l'abomination !
Des massacres Ă  une Ă©chelle prodigieuse ;
Des charniers infinis ; ô vision ténébreuse !
Des séries, des avalanches d'exécutions !
Partout des cadavres par milliers, par millions,
Des tombereaux chargés, surchargés de carcasses
Destinées aux pilons, jetées dans les crevasses ;
Des montagnes de corps en décomposition,
Gigantesques fagots prêts pour la crémation !
Des monceaux d'ossements, comme des immondices,
Lointaines victimes de troubles sacrifices.
Des fosses immenses et pleines Ă  vomir
Des abîmes remplis d'un coupable élixir,
Une industrie de la révulsion à outrance
Conduisant les humains jusqu'Ă  la potence,
L'apologie de la noirceur à son zénith,
L'orgasme criminel jusqu'au final coĂŻt !

Voilà ! votre périple maintenant s'achève.
Ce n'Ă©tait pas une illusion, un mauvais rĂŞve.
Vous fûtes les témoins d'une chose sans nom,
L'Ă©crasement total du oui devant le non,
Le triomphe d'une psychose collective
Sur les valeurs humaines ! Toute une dérive...
Jeunes gens, mes doux rêveurs, témoignez sans fin
De ce que vous vîtes, de ce monde assassin,
Veule et extrémiste. Agitez la bannière
De la vérité et répandez la lumière !
Dénoncez les chantres noirs de la négation,
Ces fourbes complices de l'annihilation,
Ces vils idolâtres des bas-fonds fanatiques !
Boutez-les sans Ă©gards hors des champs historiques !
TĂ©moignez d'ici, les hauts lieux de la Shoah :
Stutthof, Dachau, Auschwitz, Buchenwald, Treblinka...!


Carme


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Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse ! (Alfred de Musset)

o maley
Envoyé le :  29/9/2009 14:24
Plume de platine
Inscrit le: 11/2/2009
De:
Envois: 2245
Re: L'enfer (précédé d'un avertissement)
Je l'ai lu jusqu'au bout. C'est grandiose. C'est un style Hugolien tout en alexandrins. C'est la fin de Satan et le début de dieu. La vision de Dante à travers les yeux de ce siècle ci.

Un enfer qui débouche sur les camps d'extermination nazis.

C'est vrai que c'est long mais on ne peut pas ignorer une telle lecture sous ce simple prétexte. Hugo écrivait aussi des poèmes très longs. De Musset également.

C'est le premier poème que je lis de toi Carme, j'espère qu'il sera lu par un grand nombre de lecteurs car il gagne a être connu.



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anonyme
Envoyé le :  29/9/2009 14:52
Re: L'enfer (précédé d'un avertissement)
je l'ai lu et j'ai aimé, il y a un peu de "la divine comédie" revue sous un angle plus récent, c'est ma lecture favorite,elle m'a fait découvrir la poésie, et tu termines ton enfer sur un sujet qui me tient particulièrement à coeur la "Shoah", alors je te dis il n'y aura jamais de textes ou poèmes assez longs pour décrire l'horreur et l'abjection ,cet avilissement de l'homme par l'homme, cette négation et ce viol de la conscience humaine, pas besoin de démon,l'homme est plus fort pour se vautrer dans la merde, "au nom de tous les miens"mazeltov.Shalom
Carme
Envoyé le :  29/9/2009 20:07
Plume d'or
Inscrit le: 13/1/2008
De:
Envois: 562
Re: L'enfer (précédé d'un avertissement)
Merci PHIL et o'maley pour vos superbes commentaires !

C'est ma façon de dire que l'enfer est déjà sur terre.

Carme


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Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse ! (Alfred de Musset)

sept
Envoyé le :  29/9/2009 21:56
Plume d'or
Inscrit le: 13/9/2009
De:
Envois: 1264
Re: L'enfer (précédé d'un avertissement)
quelle imagination fertile, comment ne jamais se répéter sur un texte si long,
comment toujours trouver de nouvelles descriptions.

vraiment incroyable, un rythme permanent qui soutient le thème.

inspiré de quelque chose de vécu pour trouver ces ressources infinis.
un talent ancré.

le déchainement vient à l'apogée,

bouche bée.


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" Le secret de ma tristesse est dans la vivacité de mon plaisir "

jp183
Envoyé le :  29/9/2009 22:20
Plume de platine
Inscrit le: 6/1/2009
De: La mer, le ciel, la terre
Envois: 9173
Re: L'enfer (précédé d'un avertissement)
Une inspiration peu commune pour un poème marquant!
Vraiment impressionnant, bravo.
Amitiés de JP.


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Vivre ses rĂŞves

Carme
Envoyé le :  30/9/2009 12:48
Plume d'or
Inscrit le: 13/1/2008
De:
Envois: 562
Re: L'enfer (précédé d'un avertissement)
Je vous remercie, sept et jp183, pour vos estimables commentaires !

Carme


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Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse ! (Alfred de Musset)

anonyme
Envoyé le :  30/9/2009 13:35
Re: L'enfer (précédé d'un avertissement)
Bonjour carme, voilà une vision dantesque et apocalyptique, que j'ai lu avec attention et tention. C'est l'horreur que tu nous raconte et tu nous la raconte bien. Merci carne pour cette révélation profonde de ce que nous avons trop tendance à oublier.
Mes bisous.

Capricorne
Carme
Envoyé le :  1/10/2009 2:27
Plume d'or
Inscrit le: 13/1/2008
De:
Envois: 562
Re: L'enfer (précédé d'un avertissement)
Mes remerciements, Capricorne, pour tes commentaires pleins de bon sens !


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Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse ! (Alfred de Musset)

Hesperance
Envoyé le :  1/10/2009 4:10
Plume de platine
Inscrit le: 14/1/2008
De: France (Picardie)
Envois: 4543
Re: L'enfer (précédé d'un avertissement)
Il ne faut jamais cesser d'en parler, pour tenter de dégoûter les jeunes à jamais de recommencer une telle horreur. Comment peut-on traiter des êtres humains pire que les plus sadiques ne traiteraient pas leur bétail ? Et pourtant cela continue, des génocides sur tous les continents, le racisme, la haine de l'autre qui est soi-disant différent et coupable de tout et qu'il faut exterminer...

L'enfer ? pas besoin du diable, l'homme s'en charge.

Quand donc les dirigeants de tous les pays nous offriront-ils enfin une paix universelle ? Oui c'est de l'utopie, je sais !

Bravo et merci à toi pour long poème si bien écrit


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Désolée, mon état de santé ne me permet plus de faire les mises en pages de recueils.

Carme
Envoyé le :  2/10/2009 2:40
Plume d'or
Inscrit le: 13/1/2008
De:
Envois: 562
Re: L'enfer (précédé d'un avertissement)
Totalement d'accord avec toi Clo ! Merci pour ta lecture !


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Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse ! (Alfred de Musset)

sept
Envoyé le :  4/10/2009 21:04
Plume d'or
Inscrit le: 13/9/2009
De:
Envois: 1264
Re: L'enfer (précédé d'un avertissement)
aime.


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" Le secret de ma tristesse est dans la vivacité de mon plaisir "

Carme
Envoyé le :  5/10/2009 13:41
Plume d'or
Inscrit le: 13/1/2008
De:
Envois: 562
Re: L'enfer (précédé d'un avertissement)
sept, merci pour avoir un second souffle Ă  ce texte :


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Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse ! (Alfred de Musset)

Duchesse
Envoyé le :  30/1/2010 18:41
Plume d'or
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Re: L'enfer (précédé d'un avertissement)
Alors moi je découvre ton texte et je te dis "chapeau". C'est extraordinairement puissant et profond. Merci pour ce cri humain devant l'innommable. Comme le dit O'maley, ç'aurait pu être du Hugo.

Mille bravos.

Carme
Envoyé le :  1/2/2010 3:16
Plume d'or
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Re: L'enfer (précédé d'un avertissement)
Merci Duchesse pour cet élogieux commentaire et pour avoir donné une deuxième vie à ce texte. Je suis touché !


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Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse ! (Alfred de Musset)

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