" BONNES NOUVELLES "
J’imagine, un matin, le facteur essoufflé,
Tractant une remorque à grands coups de pédales,
S’époumonant sans fin, visage boursouflé,
S’arrêter devant toi, crachant ses amygdales.
« Permettez un moment que je reprenne vie,
Mes bronches sont en feu, je ne sens plus mon cœur,
Je vais vous étonner, vous en serez ravie,
Ces lettres, ces paquets, ont parfum de bonheur ».
Alors comme une enfant, surprise, émerveillée,
Les yeux écarquillés, le souffle en suspension,
Tu seras en plein rêve et pourtant éveillée,
Doute et joie emmêlés, pleine d’appréhension,
Le calme revenu, les idées embrouillées,
Des interrogations fourmillant dans la tête,
Tu saisiras un pli, les yeux un peu mouillés,
Doucement l’ouvriras, découvrant à l’entête
Le nom de celui dont tes nuits sont habitées.
Tu pourras croire enfin que « Chance » est revenue,
Tu oublieras alors ta mine dépitée,
Toutes les déceptions, la peine retenue,
Quand le facteur passait…sans jamais s’arrêter.