Les adultes errent


Les adultes errent
Et l'enfance s'efface
Cédant la place
Aux névroses mammaires
D'intimes souricières
Où se perdent, paisibles
Nos songes inaudibles

Les adultes errent
Dans l'espace embué
Du passé inhibé
Des idylles à crinières
Orgasmes à crémaillère
Qui gravissaient debout
Les cimes du Mont Tabou

C'est l'adultère
Qui redon'ra un jour
Un sens à notre amour
Du sel à nos manières
Du sublime à nos guerres
Où joutaient sans cession
Nos incompréhensions

C'est l'adultère
Que je souhaite, que je veux
Et dont je me fais vœu
De n'être que chimère
Un accroc éphémère
Dans l'union carcérale
De nos cœurs, de nos râles

C'est l'adultère
Quoi qu'en dise la morale
De son fiel guttural
Qui rendra à hier
La valeur foncière
De cette forteresse
Où s'essayaient nos caresses

C'est l'adultère
Que je m'en vais quérir
Au péril de ton rire
Au péril de mes vers
Qui tranchent le calvaire
De la franchise écrue
De l'ordinaire vaincu

Les adultes errent
Et cependant espèrent
Et cependant vénèrent
D'une foi incendiaire
Cet instant aurifère
Où le tabou expire
Dans un sensuel soupir.