Sans une goutte d'eau,
On peut boire le sable
Jusqu'à l'indigestion,
Puis dormir dans des fosses
Où reposent
Spahis de coloniale,
Que font vibrer, en leur carcasse,
Les djinns, les nuits du Grand Sahel,
Spahis, zouaves, loin du fortin pisé,
Que l'ombre rare et tenace du palmier
Gardait, cerbère aux portes
Des étendues brûlantes.

Les nuits du Grand Vent froid
Aux brûmes irradiées ,ras du sol embrasé,
De lunes pleines et pourpres.

Sans une perle d'eau,
On peut mourir de soi,
(Puisque nous sommes gorgés d'eau),
Somnoler sur les dunes
Où nous bercent les reines d'Atlantide,
Soupirs en effluves jasmin,
Une vasque à la main,
L'autre main au sein gauche, diaphane,
Poupées cristal, coeur en faience,
Profils de Cléopâtre,
Africaines en suspens, irréelles et sublimes,
D'un temps que ne savons
Plus.