Petite fille à aimer

Un jour je suis entrée dans un beau quartier
Au bout de l’allée une belle villa j’ai trouvé
Pas un brin d’herbe dans l’allée
Pas un grain de poussière sur la porte d’entrée
Une belle dame toute nette elle aussi m’a ouvert
Dans l’entrée c’était presque de l’or par terre
Dans ce décor où j’eu peur de bouger
Aucune trace d’humains je n’ai trouvé

Tout était trop net et trop froid
Où était donc passée la vie ?
L’avaient-ils oubliée dans leur passé, là bas
Je suis venue m’occuper d’une petite vie
Pas une trace de cette beauté là
Pas un jouet ne traîne par ci, par là
La petite ne veut pas se lever
Au lit elle veut rester clouée

La maman ne me propose pas de monter
Elle me fait voir sa belle cuisine
Avec elle je découvre son living
Que se passe-t-il ?
Pourquoi ne pas me présenter sa fille
C’est pour elle qu’ici je suis
Ce décor me laisse de glace
Dans une vie il n’a pas sa place

Que vais-je trouver en grattant cette couche si brillante
Que se cache-t-il dans cette maison si grande
Tous les meubles y ont une grande place
Mais de l’enfance pas de trace
Maman pressée va travailler
Là haut la petite s’est levée
Tout doucement je vais monter
Surtout ne pas l’effaroucher

Avant de partir trouver cette petite vie si belle
Très prudemment de son nom je l’appelle
Un sanglot en sourdine me répond
Cette douleur là n’a pas de nom
Va-t-on jouer à cache-cache
Que ne veut-elle pas que je sache
De nombreuses pièces sans vie s’enfilent
Tu ne veux pas que je te trouve petite fille
Pourtant déjà je suis ton amie

Regarde comme je suis drôle
Te découvrir sera aujourd’hui mon rôle
Dis tu viens ? Ensemble on va voyager
Tu vas te faire mal si tu restes là
Regarde, je sais danser sur un pied
Attention je vais tomber
Et patatrac, nous y voilà
Á deux à terre, on s’est rencontrées

Oui, oui, je vois, ce n’est pas drôle
Ce petit visage là est bien marqué
Que t’es-t-il donc arrivé
Quel accident a pu te faire ça
Tu me dis que c’est ton lit qui te bat
On va aller le voir ce lit là
Il n’a pas le droit de te faire ça !
Tu dors par terre …
Mais pourquoi faire

Tu es sûre que c’est toi qui veux ça ?
On va descendre d’abord manger
Tu ne veux pas de bain
T’inquiète mon ange, il ne se passera rien
Un bateau on va fabriquer
Et sur la mer tu vas voguer
Je ne vais pas toucher les hématomes
Seulement de la douceur tu goûteras l’arôme

Pour personne tu ne veux dessiner
Tu n’as pas appris à partager
De tout cœur je t’offre le mien
Á l’école tu vas le donner, cela ne fait rien
Il y a au moins quelqu’un à qui tu peux donner
C’est le chemin ouvert au partage
Pour aimer il n’y a pas d’âge
C’est là que je vais t’emmener

Ton calvaire ne va pas durer


Elisabeth