Plume de platine Inscrit le: 16/11/2007 De: Ribérac Envois: 2278 |
Légende I Dans ce grand lit, en draps de soie Ce lys blanc, pur, dort paisiblement. Sa bouche sourit aux grandes joies Données par les rêves d'errements. II La lune qui entre, caresse un visage Faisant pâle, comme celui d'un mort. Un être blanc, un fantôme sans age, Vivante, mais son rêve la déshonore. III Ses paupières s'ouvrent dans la nuit Ce corps nu, qui se lève et s'accoude Drapé par la soie, s'envole sans bruit, A cette fenêtre, illuminé par la foudre. IV Des yeux absorbent le feu qui dévore La forêt d'ombres rouges, mouvantes. Souffle chaud, entrant dans les pores Chantant les cris des joies exaltantes. V Elle plie ses genoux, le visage couvert Avec ses mains blanches, diaphanes. Silencieuse prière, sortie d'un univers Rouge et noir, des fous mégalomanes. VI Ô vous les feux du ciel, dieu de nuits, Toi, sa mère, la lune si triste et froide, Laisse descendre, ici, à moi, le fruit De ton amour maudit, rempli d'effroi. VII Mon prince, roi enchaîné aux flammes Eternelle douleur, destinée des titans, Celui que tout l'enfer aime et acclamé, Toi, le roi du feu, l'éternellement géant. VIII Le feu qui cesse a faire danser l'ombre. Et une seule étoile brille dans le ciel noir, Tournoyant dans un vent froid et sombre. L'étoile tombe et, elle s'éteint sans gloire. IX Le feu devient noir la ou l'étoile s'abatte Et ou prend forme son corps nu, d'opale. Vision d'enfers, qui ne cesse d'accroître En s'approchant vers la blonde vestale. X Des yeux de braise entourés d'albâtre Les longs cheveux flottent dans le vent. Son visage pris dans une aura bleuâtre Perce la nuit, comme un soleil levant. XI Une voix sortie des profondes cavernes Raisonne, fait vibrer les âmes et la chair. "Tu as appelle, jeune branche de verne, Et je suis là , venu à toi, pour toi, sur terre. XII Néant s'appelle le Dieu qui est mon père, Et mère m'est celle qui garde les étoiles. Pourtant je suis la, emmené par ta prière M'éclipsant en hâte, des terres impériales. XIII Femme mortelle, que vaut-elle ta prière ? Immortel moi je suis, dans mon purgatoire. Et comment voudrais-tu, que cela m'agréé, Quand mon cœur se brise a ton soupire ? XIV Sacrifier tout cela sur l'autel de quel dieu Béni, maudit, pourquoi l'accepterais-je ? Pourquoi maintenant devrais-je dire adieu, Et plus jamais penser qu'a tes doux jeux ? XV La fille regarde cet être titanesque et sourit Lèvres entrouvertes qu'appellent un baiser. Elle ressent la douleur du cœur qui palpite Pour ce fils des ténèbres, ce si triste hère. XVI Laisse ton monde de douleurs incessantes Viens dans mes bras, je me donnerai a toi. Un vrai bonheur a deux, sans les attentes, La dans ma vie, mon monde, sous ce toit. XVII Pris ensemble dans les chaînes d'amour, Enserrés l'un contre l'autre, une belle vie Sans mensonges, mais aimer sans détour, Un homme et une femme, une douce folie. XVIII Tu me demandes l'éternité pour un instant Un baiser et, la chaleur pure de tes seins, Pour le creux doux de ton corps si tentant, Quitter les Dieux, sont ceci tes desseins ? XIX Soit ! J'accepte d'être servant, ô prêtresse, Pour l'amour, j'accepterai donc être mortel ! Je manderai la mort, cette triste prouesse, Et je serai, ton ombre, dans ce froid castel. XX Je pars pour revenir a toi ange des fleurs ! A ces mots la, les feux s'allumèrent, vives Autour de l'être tenant tous ses bonheurs, Et le voit partir, au loin, vers d'autres rives. XXI L'éternité passant comme une seconde Il arrivait enfin, face au néant, son père. O, toi, Dieu, je veux quitter mon monde Ou depuis des siècles, immortel, j'erre. XXII Fils, tu demandes la mort contre l'amour D'une femme mortelle, faite de chair ? Quelle folie douce ta bouche discoure, Comment pourrais tu subir ce calvaire ? XXIII Regarde au castel ta fiancée mortelle, Déjà dans la chaleur des bras humains Qui l'emmènent heureuse à la chapelle, Mourir voudrais-tu pour ces lendemains ? XXIV Nulle autre vie, pour toi n'existe mon fils ! En maître éternel des flammes tu vivras, Fantôme blanchâtre et pur comme le lys Ici est ton monde, ici, au bout de tes bras. XXV Jamais tu ne pourras retourner en mortel Etre de feu, s'éteindre pour une caresse ? La vie est un passage qui mène à l'irréel, Où la tourmente n'y trouve pas de cesse. XXVI Toi, Père, pourquoi m'attaches toi à ce sort Maintenant, je voudrais tant pouvoir aimer. Ce qui me brûle l'âme ne sera jamais mort Et sur l'autel païen, son corps, pouvoir prier. XXVII Mais ton désir est loi sur notre petit monde Et mon cœur triste je vais te le soumettre. Le sang et le feu mon amour fané, inonde Déversent cette douleur sur ce fragile être. XXVIII Je partirai, mon âme morte, lui dire adieu, Prendre ses mains, revoir son doux corps, Noyer le regard, dans le bleu de ses yeux, Et m'en aller, sans regarder ses pleurs. XXIX Fils, tu oublies le sable du temps, fuyant, Pour elle. Ce temps qui ne s'écoule pas La, dans ton monde, il est un trou béant, Il entoure et attend, maîtrisant son espace. XXX La retrouver, tu ne pourras plus mon fils, Car la vie passe, est courte, éphémère. Oublie et, pars, l'éternité tuera toujours La vie, des pauvres hommes…
Novembre, 2007
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