Plume de platine Inscrit le: 13/1/2016 De: Orange Envois: 7525 |
Chant royal pour faire danser le monde Célébrons l'existence au nom de la jeunesse Sous le ciel des beaux jours quand chante le printemps ; Délaissons la raison, l'éternelle sagesse, Pour tournoyer longtemps, valser sous les autans, En oubliant un peu la marche solitaire ; Le voici, maintenant, le plaisir sur la terre ; Les couples sont unis pour un simple loisir, Des instants fugitifs, un bonheur à saisir ; En oubliant soudain que notre terre est ronde Et que les maux sauront très vite revenir, Avec empressement, faisons danser le monde.
Dans une vieille France, un village s’empresse, Au son des rigodons, des valses à trois temps, D’enchaîner les refrains au vent de l’allégresse Des sabots qui claquent et des danseurs contents. Tous les anciens assis forment un beau parterre Et les participants ont cet air salutaire Des gens tout en gaîté prêts à se convertir Au grand rassemblement du rire et du loisir ; Tous aiment à redire, avec cette faconde Des visages joyeux que rien ne peut flétrir : Avec empressement, faisons danser le monde.
À la cour d’un grand roi, voici que la noblesse Et ses représentants ont pris pour passe-temps D’effectuer, entre autres, avec délicatesse, D’élégants menuets aux tons virevoltants ; Dans ce monde pompeux qui se veut élitaire, Chaque conversation prend un ton délétère Et les notes du bal cherchent à retenir La liaison future ou l’aventure à fuir ; En ces lieux où parfois se promène la fronde, Un seigneur avisé redit sans coup férir : Avec empressement, faisons danser le monde.
Dans la boite à la mode, on voit bouger la fesse, Aux notes du disco jouant depuis longtemps Au bal électronique avant que n’apparaisse Lentement une aurore aux accents tremblotants. À l’aube d’un matin, on ne sait quel mystère Exalte sans arrêt le dernier volontaire En agitant son corps, le faisant resplendir. L’adolescent debout, tel un frêle menhir, Se tortille malgré la sueur qui l’inonde ; Pourtant plein d’énergie, il redit sans mollir : Avec empressement, faisons danser le monde.
Sur les tombes des morts, la nuit soudain s’abaisse Avec ses grands yeux froids, ses airs inconsistants ; Soudain des feux follets, jouant de leur sveltesse, Font une sarabande au-dessus des étangs Et des sombres tombeaux que la nuit noire enterre ; L’étrange ballet bleu fait tout à coup se taire Un monde d’animaux qui s’apprêtent à fuir ; Une spirale en feu, dans un très long soupir, Murmure avec un souffle à la voix vagabonde : Malgré l’espace lourd, le silence à mourir, Avec empressement, faisons danser le monde.
Princes, voici le temps pour vous Ă©panouir Avant que vienne un jour celui du souvenir ; Demain, qui sait, poindra quelque douleur profonde Alors, sans perdre un jour, redites sans faiblir : Avec empressement, faisons danser le monde.
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