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Les arbres sont muets. Ils écoutent au loin
L'automne chancelant ivre encor' de l'été...
Il soulève des champs le poussièreux regain,
Et du vent de la mer se grise à volonté.

On l'a vu sur la plaine au petit matin froid,
Traîner avec une aube imbibée de rosée.
Courant sur le vallon, le jeune maladroit
A posé des couleurs sur le pin effrayé.

Il est trop tôt, vois-tu, pour peindre l'horizon,
Pour cuivrer les feuillus de l'érable glorieux.
Septembre malicieux titille ses rayons,
Pour réchauffer le temps, sans y mettre le feu.

Si, de tes doigts glacés, automne craquelant,
Tu pigmentais mon ciel de ces ors d'oriflamme,
Dans ce baiser de mort, les feuilles des géants
Sur le sol, en douceur, déposeraient leur âme.

Repose encore un peu derrière mes collines,
Il sera temps demain d'incendier tout ce vert.
Va courir sur les blés, va boire dans nos vignes
Quand ton pourpre jaillit, je sais que vient l'hiver....

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Quand le poème a des beautés, quelques taches ne me choquent pas