Ecrire, dis-tu ?
Oui , mais écrire quoi ?
Dire-dis –tu ?
Oui , mais pourquoi ?

On a beau étaler les mots
On a beau parler à longueur de jour
Nos pensées,
Nos rêves
Butent sur l’accueil du mépris
Se fracassent sur le mur de l’incompréhension
Alors à quoi bon dire
A quoi bon écrire ?

Mépris et incompréhension
Complices dans le dédain
Solidaire dans le refus
Se tiennent la main
Pour refouler vers l’oubli
Pèle-mêle :
Notion
Idée
Réflexion
Opinion
Avis et sentiment
Et tout ce qui rend l’humain digne
Et tout ce qui éclaire le chemin
Pour une élévation de l’âme
Pour une sublimation de l’amour
Alors à quoi bon dire
Et à quoi bon écrire ?

Mépris et incompréhension
Deux facettes de l’arrogance
Deux visages de l’insolence
Qui d’un commun accord
Fuient les aphorismes
Les apophtegmes
Tuant sur leur chemin
Adages et sentences
Alors à quoi bon dire
Et à quoi bon écrire ?

Et voilà que sous la plume
Coulent d’autres mots
Ceux de l’amertume
Ceux de la résignation
Charriant capitulation
Brandissant l’étendard des défaites
Face à ses humains
Qui lèvent les bras au ciel
En signe d’impuissance
Qui caressent un mur
En signe d’obéissance
Qui jouissent du son d’une cloche
Gage d’observance
Dès lors quoi leur écrire
Et quoi donc leur dire ?



Mais où est donc passé ce moment béni
Où tous les aèdes
Les ménestrels
Les saltimbanques
De leurs mots
De leurs gestes
Leurs audaces
Gommaient l’absurde ?

Mais où sont donc ces lieux
Où les philosophes
Les connaisseurs
Les sages
Les dialecticiens
Jonglaient avec la subtilité
Pour porter à son summum la finesse
Et recouvrir de toute son aura la prouesse
Subtilité par qui les villosités cèdent le pas
Les gibbosités gagent en douceur
Et la laideur recule d’un cran ?

Temps balafrés
Contrées lézardées
Cicatrices de nos âmes perdues
Dans un monde sans relief
Dans une époque ingrate
Où même ce mot qui pleure
Est pointé du doigt
Livré à la raillerie
Des éboueurs de la pensée
Et des égorgeurs de la beauté

27/06/2018





Ait Slimane Hamid