Tu Ă©tais si belle quand tu me souriais avant,
Tu resteras magnifique à tout jamais désormais,
Dans ma mémoire où toujours je chérirais,
Ces temps de naguère où j’étais ton homme.
Depuis je m’efforce d’écoper de mon cœur trop grand,
Toute cette tristesse qui m’a envahi depuis toi,
Regardant la carène lisse et belle voguer loin de moi,
Regrettant ces temps de naguère où j’étais ton homme.
Mes erreurs, mon passé qui a surgi, tout s’entremêle,
Mes doigts ont saigné en vain sur ta carapace fermée,
Entrouverte un instant pour mon bonheur, puis j’ai glissé,
Abandonnant ces temps de naguère où j’étais ton homme.
Le temps qui m’était imparti est justement parti, ma belle,
Et si tu me laisses lentement voguer sur d’autres mers,
Je suis paisible et sans crainte, je ne touche plus terre,
Laissant ces temps de naguère où j’étais ton homme.
Je n’ai pas changé, je suis juste redevenu ce que j’étais,
Affrontant mes vieux démons et les apprivoisant enfin,
Tu m’as bousculé et je goûte sereinement une nouvelle paix,
Aussi heureux que ces temps de naguère où j’étais ton homme.
Merci à toi et malgré ce gâchis, essuie donc tes larmes à jamais,
Elles m’ont libéré et je m’envole maintenant vers ma propre destinée,
Heureux d’avoir pu à tes côtés tout partager,
Durant ces temps de naguère où j’étais ton homme.
Je vais chercher l’impossible, un autre toi, un autre navire à aborder,
Arborant fièrement une carène aussi lisse et belle que la tienne,
Garde cet éclat de mon cœur que tu m’as arraché,
Garde en toi ces temps de naguère où j’étais ton homme.
Mais si jamais tu pouvais ta crainte et tes peurs surmonter,
Tu sauras bien dans quel port aller me chercher,
Presse toi mon amour, le temps qui coule est précieux,
Viens me retrouver avant que je sois trop vieux.
Si jamais pour mon malheur, ton choix Ă©tait tout autre,
Sois persuadé que je comprendrais, c’est ma faute,
Nous ne voguerions plus de concert et c’est dommage,
Je te retrouverai un jour au plus profond des âges.
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L'homme est le rĂŞve d'une ombre
(vers 135-140 des Pythiques de Pindare, le prince des poètes).