Je l'avoue
J'ai poussé dans des langes de soie
Je n'avais ni peur ni faim ni froid
J'avais un papa qui veillait sur moi
Maman me choyait comme un roi
Je l'avoue
J'étais la fierté de mon père
L'avenir de sa progéniture
J'assure désormais sa descendance
Dans le temps et dans l'espace
Je porte légalement son nom
Dans mes veines coule son sang
J''aurai sûrement des enfants
Qui auront aussi des enfants
Jusqu'à la fin des temps!
Je l'avoue
J'étais la fierté de ma mère
La prunelle de ses yeux
Le plus beau présent de Dieu
Elle n'aura plus ni peur ni chagrin
En accouchant au masculin
Elle a su offrir à mon père
Le plus précieux des trésors
Un fils
Plus de malheur, plus de peine
Ma mère est désormais une reine!
Je l'avoue
J'étais la fierté de mes parents
Ils se pliaient à toutes mes volontés
Ils m'adoraient et me gâtaient
Ils me choyaient et me dorlotaient
Ils me berçaient et me supportaient
Et jamais ne me battaient
Jamais ne me maltraitaient
Je baignais dans l'euphorie
La béatitude et la félicité
Je l'avoue
J'étais la fierté de mes sœurs
Leur maître et leur seigneur
Elles m'aimaient de tout leur cœur
Endossaient mes sautes d'humeur
Sans rancune et sans rancœur
Elles étaient mes souffre-douleur
Je leur faisais voir de toutes les couleurs
Pauvres petites sœurs!
Je vous ai tant fait souffrir
Je demande votre indulgence
Je quémande votre clémence
Pour ma tyrannie d'enfance
Je l'avoue
Mon enfance était une fête
J'étais confiant, vaniteux et bête
Croyant que la vie était rose
Une suite d'osmose et de symbiose
Entre les êtres et les choses
Elle m'a infligé de terribles métamorphoses
Je suis devenu maussade et morose
Je l'avoue
La vie est plus sévère que mes parents
Une suite de chimères et de vents
De mirages, de visions et d'illusions
Maintenant
Il paraît que je suis grand
Je l'avoue
IL m'arrive de regretter amèrement
Le temps où j'étais insouciant
Frivole, gai comme un pinson
Candide, orgueilleux et négligent
Le temps où j'étais un enfant
Un enfant gâté par ses parents
Adulé et idolâtré par ses sœurs
Le temps où j'étais un seigneur!
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Agadir, le 30/05/2015

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Ma vie n'est plus une barque dans une mer enragée
Et je ne suis plus le naufragé!
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Mostafa, point fat, seul, las, si doux, rêvant de sa mie!!!