Lame en peine entraîne l’âme.
Elle avait tout fauché sur le champ de bataille,
Amis, ennemis, hurlant à tous sa démence,
Furieuse, elle chantait l’agonie et la souffrance,
Dans un tumultueux assaut d’estoc et de taille.
Les membres tranchés s’envolaient haut vers les cieux,
Des crânes éclatés, pleuraient des larmes grenat,
Le fer étincelait, réclamant un trépas,
Les guerriers touchés agonisaient malheureux.
Sans répit ni repos, elle en redemandait,
Elle virevoltait, toujours insatiable,
Le sang, lourd tribu, inondait la plage,
Sur ses vaisseaux, l’ennemi vaincu fuyait.
Toujours, elle continuait sur sa lancée, triomphante,
Abreuvant d’âmes éteintes les démons jubilant,
Le ciel s’offusqua d’un tel acte blasphémant,
La lame cramoisie en devenait gĂŞnante.
Son porteur fatigué, s’agenouilla enfin,
Cruels mais repus, les dieux à présent veillaient,
Aveuglé, le fol humain de nouveau voyait,
La lame létale était trop lourde à sa main,
De concert, acier et humain mélangés hurlèrent,
A la vue d’un aussi gigantesque charnier,
Leurs fautes avérées, ils ne voulaient pas les nier,
Leurs chants plaintifs, Ă jamais ils ne pouvaient taire.
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L'homme est le rĂŞve d'une ombre
(vers 135-140 des Pythiques de Pindare, le prince des poètes).