Ma vie sur Terre, toujours en solitaire,
Ma vie sur Terre, interminable guerre !

Après l’expulsion du jour-naissance,
Vint l’incompréhension de l’enfance,
Puis, les révoltes de l’adolescence…

Une vie, qui a grandit en cadence,
De poings distributeurs de violence
Dont la rudesse égalait la virulence.

Visite du monde, des pays étrangers,
Fier vêtu d’un uniforme de guerrier
A la poursuite d’une sainte vérité…

Soldats, bandits, assassins, tout y était,
Formant un ramassis d’âmes égarées,
Amants de guerre, fruits des armées...

Les tirs suivis, les bombes qui éclatent
Détruisant tout, comme carton pâte,
Là, tout prés, jusqu’entre nos pattes…

Et le désert brûlant séchait les pleurs
Des yeux vides des tombés sans peur,
Victimes… d’une impitoyable terreur.

J’ai vu ensuite, dans les prisons rances,
Les adeptes fidèles de Sainte Violence,
Attendant leurs doses de bienveillance.

Ames perdues en quête de tolérance,
Luttant pour de fausses apparences,
Dans l’espoir d’un monde-clémence !

Les fenêtres-souffrance des cachots,
Ouvertes sur un monde de barreaux
Resserrant chaque jour la vis de l’étau.

Alors, depuis le fond de cet univers clos,
Des rêves libres squattent leurs cerveaux
En apposant un baume sur leurs maux.

Ces images gravées en ma mémoire
Vieilles complices de mes nuits noires,
Anéantissent tout message d’espoir.

La vaine recherche de mains-velours,
De bras accueillants, de meilleurs jours,
Rythmée au son enivrant du tambour,

Jalonne ma vie d’infinis allers retours,
D’espoirs déchus, de larmes d’amour
Incrustant la tristesse sur mon parcours.

Que me reste-t-il donc encore à faire ?
Pour améliorer mon existence sur Terre,
Ouvrir les poings, maîtriser la colère…

Jouir de la vie et rejoindre un domaine,
Un paradis rêvé pour oublier toute haine,
Ou la liberté fera se briser les chaînes !