Cessez donc de traiter ces vieillards de lubriques,
Ceux-là même qui, Suzanne au bain avaient surprise,
Avaient-ils donc atteint cet âge, canonique,
Où embraser la chair ne serait plus de mise ?
La jeunesse, volontiers, les traite de satyres,
Ces hommes, chez qui le feu n’est pas encore éteint,
Car elle ne comprend pas qu’ils gémissent et soupirent,
Eux qui pleurent, la nuit, leur force et leur entrain.
Ils auraient tout le temps, pourtant, d’être volages,
Tout au fond de leur cœur ils ont toujours vingt ans,
En dépit des années, sans devenir plus sage,
Des regards ils se cachent, méfiants, les verts galants !
Molière se moquait des vieux beaux et aimants,
On riait de les voir courtiser les jeunettes,
Il épousa Armande, de très loin, sa cadette,
Se voyait-il alors comme un vieux dégoûtant ?
L’homme est ravi de voir les bourgeons s’épanouir,
Dans le for de son âme, il reste Roméo,
Quand son corps, tout entier, refuse de vieillir,
Il ne connaît repos, le diable dans la peau.
Si les beaux souvenirs sont pléthore, à son âge,
L’aiguillon du désir le fait toujours souffrir,
C’est des yeux, qu’il embrasse la femme d’un autre âge,
Sachant que toute rose finira par flétrir.
Dumnac