Balade du fantassin

C’était un bonhomme de rien
Pas très grand, presque un nain
Il marchait, l’air martial
Tel un vieux maréchal.

Il avait fait la guerre
Laquelle, peuchère
Il ne s’en souvenait pas
Il y avait si longtemps
Il y en a eu tant et tant
Peu importe, grandiloquent
Il en parlait fièrement.

L’Algérie, l’Indochine
Ou la Cochinchine
Les Aurès, l’Atlas ;
La géographie
Le mettait au défi.

Maigrichon adjudant
Défilant pimpant
Le beau jour de l’an
Les beaux jours de vent

Sur la maigre poitrine
La scintillante Malouine
Pendait, ultime breloque
Du capitaine Haddock

Un jour il s’en alla
Sur terre tout oublia
Son corps désossé
Dans l’air fut dispersé.

Plus jamais il ne défilera
Condamné au trépas
Notre fier à bras.
Notre petit soldat
Est parti d’un bon pas
Finir son ultime combat.

Il plane près de moi
Vient me prendre la main
Me glisse à l’oreille
Viens, tu es mon pareil.

Je ne suis plus que poussière
Je vole dans le cimetière
Me dépose sur ta misère
Je remets mon fusil
En bandoulière
Relève le défi.

J’étais un petit soldat
Qui n’est pas mort là bas,
Je me tiens à ton côté
Nous partons pour le défilé
Communie vieil ami avec moi
Nous allons tirer les rois.

C’était un petit soldat
Il avait eu la malaria
La peste et le choléra
Il est parti défiler au pas
Tout là bas là bas.
Il n’est plus revenu
Ils l’ont enfin eu
Il s’est enfin tu.

Notre petit soldat
Ne chantera plus
La Marseillaise,
Il ne racontera plus
Ses fadaises,
Notre petit soldat
A filé à l’anglaise.

le 19/01/09.