Le vent se lève et déjà les premiers flocons de neige font leur apparition. La brume à l’horizon enveloppe le paysage de son ombre menaçante. Les arbres au bord du chemin n’en peuvent plus de supporter ce givre qui les paralyse.
Quelques traces de pas en direction des chaumières témoignent d’une présence humaine. L’hiver, dans ces contrées reculées, sonne comme le glas. Chaque instant semble une éternité. La définition du silence trouve sans doute sa source ici-bas.
Le poids du sac sur mon dos ajouté à mon épais manteau et mes lourdes bottes sont dérisoires comparées à mon envie de chaleur et de réconfort. Dix jours de marche forcée ont eu raison de ma vaillance et de ma bravoure.
L’étui de mon épée frotte en permanence sur ma cuisse droite et l’irritation n’est supportable que grâce au froid anesthésiant.
Aucune fumée ne se dégage de la cheminée. Y a-t-il encore âme qui vive en ce lieu ?
Soudain, un murmure parvient à mes oreilles. Je m’arrête et me place face auvent en prenant soin de retirer mon casque. Des aboiements en provenance de la forêt toute proche se font de plus en plus menaçants.
- Ils m’ont retrouvé ! Pensai-je.
Ma survie dépend à présent de ma rapidité et de ma capacité de dissimulation. Rassemblant le peu de force qu’il me reste, je me précipite vers la chaumière.
Arrivé à hauteur de la porte, je me retourne et aperçois l’insoutenable. Empoignant ma fidèle épée d’un geste ferme, je pénètre dans la demeure tout en espérant profiter de l’effet de surprise.
A mon grand soulagement, personne à l’intérieur. A cette heure de la journée, les paysans sont certainement au travail dans les bois ! Je me poste à la fenêtre et tente de dénombrer mes assaillants.
En tête, trois cerbères aux crocs acérés sont retenus en laisse par un orque gigantesque.
Juste derrière eux, une dizaine de rugons armés jusqu’aux dents font virevolter leur sabre au dessus de leur tête. Le combat s’annonce déséquilibré mais pas perdu d’avance. Après tout, on ne me surnomme pas Jean Le Vaillant pour rien.
- Ils veulent du sang, ils vont en voir couler… sur leur corps agonisant !
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Valli