Homélie bretonne

Lorsque l’épais brouillard en masse filandreuse
S’élève au doux matin libérant la campagne
Au bord de la falaise où sa vie est heureuse
Le cormoran étale ses ailes comme un pagne.

Il voit le goéland sur la crête rocheuse
Suivre les mouvements des petits macareux
Attendant le moment où dans un saut scabreux
L’envolée ne sera suivie de fin heureuse.

Le perroquet des mers deviendra son festin
Le goût de la viande est à lui son vrai lot
Il n’aura plus alors à suivre les bateaux
Comme la mouette dont il est le cousin.

En Bretagne battue par vagues et embruns
Où le climat souvent n’est pas d’un ciel heureux
Les bêtes et les hommes ont forgés leurs destins
Les vies sont endurcies sur du granit rugueux.

Et quand tombe la nuit, que les phares s’allument
Que la mer en furie les tambourine alors
Des bateaux on la voit au milieu de l’écume
Leur reprocher ici qu’ils volent ses trésors.

La Bretagne est un lieu que les hommes adorent
Pays où les dieux imprimèrent leur décor
Au pied des grands calvaires ils sont à genoux
Recherchant leur enfance mais là ils échouent.

La lande et le genêt font Bretagne éternelle
Les monts d’Arrée sont là pour bien veiller sur elle
La pointe de son nez est comme un fer de lance
Qui face à l’Anglais représente la France.


Chibani