Le corbeau blanc


C’est ainsi qu’on aurait dû m’appeler
Moi l’enfant qui n’était pas désiré
Issu d’un couple de vieilles personnes
Que j’ai peu aimé, que Dieu me pardonne.

Aimer ses parents est acte normal
Mais aux cheveux blancs ce n’est pas banal
Alors à l’école aux yeux des copains
J’étais un guignol, j’en venais aux mains.

Trop longtemps j’ai cru au Père Noël
Etant trop couvé d’amour maternel
Mais à mes huit ans, quand elle est partie
Je n’y croyais plus, j’entrais dans la vie.

Et là, plus ou moins laissé à moi-même
N’ayant plus personne à dire je t’aime
La guerre y aidant, il m’abandonna
J’étais orphelin, merci cher papa.

Depuis je traîne comme un lourd boulet
Les jeunes années de mon existence
Quand on est privé de sa tendre enfance
De vivre plus tard devient compliqué.

La plupart du temps, derrière façade
On fait que sa vie ne soit pas trop fade
En cachant cela sous des sentiments
Vivant chaque jour à l’instant présent.

Mais quand à la fin en faisant le point
Remonte à l’esprit ces moments d’enfance
Des larmes s’essuient en serrant les poings
En dernier émoi, dernière souffrance.


Chibani