Il serait mime, l’accoucheuse l’avait prédit,
Une carrière digne d’une profession de Foi,
Il avait le don d’un chorégraphe du non-dit,
L’esprit d’artiste jusqu’au bout des doigts…
Prisonnier du mutisme dès sa naissance,
Il gesticulait, tel un bonimenteur italien,
Muré depuis toujours dans le silence,
Il discourait seulement avec les mains…
Même si ce qu’il exprimait était inaudible,
On voyait ce que disait son âme d’enfant,
Il trouvait le bon geste, et pour être crédible,
Pouvait extraire la vérité du faux-semblant…
Cette absence de mots le rendait si tendre,
Quand il souriait sans rire, pleurait sans larme,
Ce besoin de donner, en refusant de prendre,
Une sincérité qui faisait tout son charme…
Il était l’incontestable et précieux témoin,
D’une langue sans utilité pour la bouche,
Un révélateur charismatique, rien de moins,
D’une pureté aphone quand elle nous touche…
Tous les menteurs devraient prendre exemple,
Et utiliser leur corps pour parvenir aux aveux,
Parce que l’authenticité du cœur est un temple,
La raison s’y confesse et s'en remet aux cieux…
Alors, même si se taire vaut tellement mieux,
Que de parler sans cesse pour ne rien dire,
Faire un signe n’est pas le privilège des dieux,
L’autre le comprend, même s’il ne sait pas lire…
A la mort du mime, longue minute sans parole,
Le souvenir du défunt valait ce calme olympien,
L’épitaphe sur sa tombe était une jolie parabole,
« Causer, sans agir, ne fait progresser le Bien »…
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Yves...
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