Au ras du jour la lumière se débat,
Elle traverse tout juste les panneaux Ă claire-voie,
Qui coupent la chaleur lorsque l’été est là .
Dans les dires du monde qui s’apaisent, elle tait peu à peu sa voix.
Déjà tout à l’heure, épuisée,
Elle s’était allongée
Sur la couverture sombre
Des longues ombres
De ces grands arbres déshabillés,
Ceux qui bordent l’allée,
Et qui après-demain, seront enfeuillés…
Le froid de l’hiver l’avait fait vacillée,
Alors, sa portée elle avait écourtée,
Coupant dans le tantĂ´t,
Laissant le soir arriver bien trop tĂ´t,
De toute façon il ne fait pas très chaud…
VoilĂ la nature qui frissonne,
Il y a Ă peine quelques sons qui chantonnent,
Et le murmure un peu monotone
De la gouttière qui annone
Les quelques gouttes qui restent de l’averse,
Tombée sur les reliefs des grandes berces.
Dans les derniers Ă©clats,
Accroché au bout du toit,
Un fil de soie oublié,
Pend de la toile d’araignée,
OĂą la bĂŞte viendra savourer
Les prises qui s’y seront jetées…
Et le silence se met en veille,
Pour empêcher la journée de devenir si vieille.
Tout à l’heure elle aura tant vécu,
Qu’avec le soleil elle aura disparu,
Rongée par un noir à la vie dissolue
Qui cachera tous les malentendus,
En léchant du temps toujours un peu plus…
On voit à peine buer les cheminées,
Les yeux des maisons se sont peu à peu fermés,
Sous des paupières faites de bois.
Chacun s’est refermé chez soi,
Encore une fois...
Le ciel commence à s’endeuiller,
Pleurant le jour qui l’avait fait briller,
Il guette la lune qui le fera rĂŞver.
Alors il pourra se coucher,
Ce n’est pas à lui de durer,
Il faut qu’il se garde pour les plus grandes soirées
Sur lesquelles il devra régner,
Quand les jours fades seront écoulés…
La nuit avale les dernières couleurs,
Des hommes elle gomme les rumeurs,
Et la peur attend en franc-tireur
Que dans les songes s’endorme le bonheur.
Ce sont encore les mois froids,
Ceux que l’on croit sans joie.
Pourtant il suffit d’une fois,
Un peu de neige,
Et l’on entre en émoi…
Mais la nuit est tombée,
La faune s’est emmitouflée,
Dans la pénombre, elle s’est calfeutrée,
Enterrée,
Elle aussi a ses abris verrouillés,
Parce que restent Ă vagabonder,
Les silhouettes effilées
Des guetteurs d’âmes affamés
Qui épient les pensées apeurées…
Et puis, s’éteignent les lampes et les bougies,
Les grands et les petits ont sombré dans les lits,
Sous l’édredon, ils se sont endormis.
Dehors il ne reste rien qui luit,
Le noir encore une fois a tout acquis,
Le sursis, de la lumière, est fini…
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Françoise Pédel Picard
