Celle qui devint ma grand mère....
Elle venait de la terre
Mais celle près de la mer
Des ces pays misère
Où l’on devient fermière.
Elle n’aimait pas pourtant,
Aller seule dans les champs,
Quand les bĂŞtes paissant
Il fallait prendre temps.
Trop tĂ´t Ă©tait partie
Pour monter Ă Paris,
Comme on disait jadis.
Là -bas elle fut placée,
Comme une des aînées,
Mais pas trop rudoyée,
Et garda de ces ans
Des souvenirs plaisants.
Et puis elle se maria,
En juin elle l’épousa,
L’été ne dura pas,
La guerre passa par là ….
Elle devint fonctionnaire
Surtout pour le salaire,
N’avait pas d’ambition,
Juste chauffer la maison
De son petit garçon….
Un jour elle rencontra
L’homme qui la ramena
Vers sa terre loin des bois,
Et son fils éleva…
Ils vécurent deux, heureux,
Avec au fond des yeux
De l’amour comme il pleut…
Ils auraient donné tant
Pour leurs petits enfants
Ne comptant pas leur temps,
Juste être là présent,
Plus que de temps en temps...
Elle devint ma grand-mère,
De celle que l’on espère,
De ces élans sincères.
Avec elle sans manières,
Vraiment, nous nous aimèrent…
De sa maison austère,
Aux pierres sans lumière,
Qu’elle occupa naguère,
Nous avons conservé,
En mémoire, bien rangé,
Les parfums surannés,
Les couleurs délavées
Des papiers peints fanés…
Et les meubles cirés
Sont venus se poser,
Comme ré-habiter,
Dans la maison des prés,
Elle aurait tant aimé…
Bien sûr, nous eûmes des mots,
Mais jamais vraiment hauts,
Jamais ce mot de trop,
A peine mots de rideaux.
Et d’elle j’ai gardé,
Telles des fleurs séchées,
Souvenirs des étés
Qu’elle venait partager,
Les recettes échangées,
Confitures veillées,
Ou peines consolées,
Et puis les mains unies
A chaque courant de vie….
Elle fut mon espérance,
Je lui offrais l’enfance,
Qu’elle vivait en vacances.
Elle devint ma famille
Je devins petite fille….
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Françoise Pédel Picard