Les combattants sont rangés dans la plaine,
Dans un instant ils mourront par centaines,
Ont-ils vingt ans ?.. Pour la plupart Ă peine,
Ils vont mourir, ils vont mourir, ils vont mourir !...
Ils vont mourir, pour que les autres vivent,
On leur a dit qu’au-delà de la rive,
Il faut chasser l’ennemi le poursuivre,
Il faut tuer, il faut tuer !...
Il faut tuer sinon c’est toi qui crèves,
Pas de quartier, de pitié ni de trêve,
Pour la patrie, le pays dont tu rĂŞves,
La liberté, la liberté, la liberté !...
Et ils ont cru qu’ils partaient pour la gloire,
Que leur combat entrerait dans l’histoire,
Que tous leurs noms seraient dans les mémoires,
Et ils l’ont cru, et ils l’ont cru !...
S’ils sont vaillants, ils auront des médailles,
Ou des rubans pourvu qu’on les mitraille,
N’importe quoi, il faut que tous y aillent,
N’importe quoi, n’importe quoi, n’importe quoi !...
Qu’est-ce un ruban contre la vie d’un homme,
Tous les discours, les théories, les dogmes,
Que les parleurs, les chefs nous montrent comme,
Il faut mourir, il faut mourir !...
Et bien plus tard quand viendra l’armistice,
Tous les planqués jugeant l’instant propice,
Évoqueront leurs faits d’armes factices,
Et vous diront, et vous diront, et vous diront !...
C’est grâce à nous, qu’on a gagné la guerre,
Il est normal qu’à tous les ministères,
L’on soient nommés, avec nous les affaires,
Vont prospérer, vont prospérer !...
Ceux qui disaient il faut mourir sur place,
Qui envoyaient des messages Ă la masse,
Vont maintenant vivre dans des palaces,
Et s’engraisser, et se gaver et se goinfrer !...
Toi le héros à deux mètres sous terre,
Si tu savais, tu ne peux que te taire,
Rien n’a changé ta mort n’a servi guère,
Qu’à profiter, qu’à profiter…. à ces fumiers !.....
Chanson : paroles et musique St Just ( Joël Gauthier ) 1973.