L'herbe folle et la clé du sol.
Si dans 10 ans tu relis ce que j’écris et si tu crois encore que je déraisonne c’est que je m’étais trompé à ton sujet et donc sur tous les autres, tu seras sans doute la seule à pouvoir vérifier où était le rêve où est la réalité, si la clé que tu m’as proposée était fausse ; aujourd’hui, je préfère ne pas y penser, puique ton herbe est folle je vais m’y fier même si elle affolle ma boussole et si le vol des lucioles peut faire penser à l’enfer de la divine comédie de la vie. Je vais me fier à ton herbe folle c’est le bon sens de la raison, celui de Pythagore et de ses intervalles antiques où les nombres pouvaient avoir la couleur d’une toison mythique. La musique des mots est aussi celle des nombres, c’est celle de la pluie dans ses onomatopées, du coquillage qui sonne ou qui résonne, celle du vent et de son chant. Les raisonnements de Pythagore étaient justes comme le chant du monde comme le chant des ombres celui de tous les nombres liés à l’infini.
Lorsque je suis près de toi, c’est tout cela que tu me dis et je n’ai plus peur de la vie, je veux que que tu me donnes la clé du sol et que mes paroles réalisent le plus vieux rêve de l’homme. En attendant cueillons ensemble l’herbe folle et que l’air du vent nous donne encore sa rose au sud de l’océan.
Tout cela est d’un ridicule ! Ce ne sont que des mots et le silence seul est d’or, payons donc nos impôts, toute chose a un prix et celui de l’histoire n’est pas celui des fables fût-elle celle de cervelles aussi folles que l’herbe sous le vent récitant un cantique à la rose du temps.
Ne m’écoute plus, c’est moi qui déraisonne ; mes prétentions ont toujours été démesurées et si dans mes illusions, il me plait de croire que je peux toucher avec le vent... je n’y crois pas vraiment et pourtant…. Peut-être que j’ai eu raison de rêver pour pouvoir être. Dans 10 ans peut-être tu sauras ce qu’il en était pour toi , si je m’étais trompé à ton sujet et donc sur tous les autres, ou si dans la polyphonie de ta vie ma voix te parle encore avec le vent qui va si bien avec les herbes folles. Dix ans c’est un bon intervalle pour un poète antique qui aime les rythmes temporels de la répétition cyclique du soleil. Dix ans à maîtriser pour vaincre le temps à notre échelle, dix ans pour m’oublier, est-ce démesuré alors que nous partageons tant de mots, dix ans pour moi cela ne sera pas assez, tu fais à présent partie de l’organisation structurelle de mon langage, de mon souffle.
Les impôts sont eux aussi cycliques, c’est un argument qui plaide en leur faveur, ils sont presque biologiques et naturels, ils sont le marqueur social des foyers , de l’organisation structurelle de notre société qui dicte la réalité. Moi, je préfère celle du langage et des cristaux.
Pierre-Louis SESTIER
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