Partir. S’enfuir et se trahir. Juste se détourner de ce par quoi l’on est passé. Juste pour oublier. Juste pour espérer. Juste pour s’effacer. Juste pour soi.

C’est bien pour ça que tu es parti ? Juste pour ça. Aucun remords, aucune pitié. Même pas une ombre de regret. Juste le souvenir de ton regard déterminé. Juste pour m’oublier, moi ? Petite chose insignifiante. Si peu dans ta vie. Si peu dans la mienne. Ou pour t’oublier, toi ? Toi et tes sentiments blasés. Toi et ton âme sans errance.
Comme si elle avait déjà trouvé son but. Comme si elle était à sa place. Juste derrière les autres. Ni trop près, ni trop loin. Juste un observateur anonyme, neutre. Juste toi. Sans les hommes. Sans les femmes. Sans rien pour t’attacher. T’enchaîner. Juste te garder.

Enfin, c’était juste ce que je voulais. Juste ça. Et ne pas devoir nettoyer ta tombe. Oh ! Juste la première année. Oui. Et juste celles qui ont suivi. Ne pas devoir venir et être tentée de te laisser là. Juste seul, comme tu le voulais tant. Juste toi. Sans parasite. Ne pas vouloir griffer la date qui annonçait ta mort. Juste la laisser là. Pour le regard des autres. Pour les vivants. Pas pour moi.

Ne pas vouloir fracasser le vase qui retiens tes fleurs. Il y a dedans juste une fleur en fait. Celle que tu préférais. C’est ta dernière ex-épouse qui l’y a mise. Juste pour elle Juste pour sa conscience. Et juste pour pouvoir à nouveau être sans toi. Juste pour pouvoir vivre, maintenant. Le temps a recommencé. Il coule, aujourd’hui, demain, et hier soir. Après que les phares de ta voiture, brisés, ne se soit éteints.

Vers un trou paumé. Perdu, juste au milieu de nulle part. Avec précision. Ironiquement. À… quoi ? A peine quelques kilomètres, loin de la civilisation. A part de quelques énergumènes, présents juste pour profiter de la nature. Et des quelques oiseaux. Juste là pour chanter. Et manger, boire, victuailles et poulaillers ; juste pour vous apaiser. Et picorer les graines, les nounous et les chatons sur le granit. La seule, juste au bout de la rangée. A quelques mètres à peine de leur forêt originelle.

Eux ne sont pas si bête. Ne pas vouloir juste te garder. Préférer au moins te suivre. Au moins, ou au juste. Jusque dans ta cage. Celle de ton indifférence. De ta carapace. Mise en place juste pour les étrangers. Allochtones à ton univers. Juste en n'étant pas toi.
Rien que ça ? Tout ton toi ou juste une partie de ton nous. En connais-tu juste une partie. De la réponse, comme de la question.

Juste pour ça. Juste sans toi. Juste comme ma vie s’envole. Les lambeaux de moi coulent entre tes doigts. Et si tu n’étais pas juste nous. Et si tu étais juste toi ? Alors moi. Je n’existe pas.

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Daph, oubliée dans les bas-fond d'Oasis.