Je sais que je vais mourir bientôt. La mort est là , elle m’épie, me suspecte, m’inspecte.
Les douleurs cérébrales s’accentuent de jour en jour et me rendent susceptible. J’ai du mal à supporter les cris de mon propre enfant et lorsque j’essaye de m’occuper de lui, je me résigne rapidement. Mes moments de solitude sont des instants de liberté pendant lesquels je me ressource. Mais ces brèves accalmies ne durent qu’un temps et je suis très vite ramené à la réalité de cette vie injuste.
Ma femme ne se rend compte de rien et c’est tant mieux. Ou bien peut-être fait-elle semblant de ne pas comprendre.
Tout me semble futile. Mon bras droit se paralyse jusqu’à l’épaule. Mais cela, c’est mon secret que je tente de préserver. Jusqu’à quand pourrai-je tenir ?
Les médecins ne me sont plus d’aucun secours. Je n’ai d’ailleurs plus du tout confiance en eux. Peut-être auraient-ils insisté un peu plus si j’étais fortuné ? A quoi bon ? Le résultat final serait identique.
Je me réfugie dans la lecture et l’écriture mais ma vue baisse régulièrement et je n’endure plus de trop longues séances.
Alors, je me repose d’un sommeil entrecoupé de cauchemars au ton prémonitoire.
Une question m’interloque : comment faire mes adieux ? Comment dire à mon fils que je l’aime et que je vais devoir bientôt le quitter ?
Je refuse les invitations de mes amis car je me fatigue très vite et les soirées deviennent de véritables enfers lorsqu’ils se prolongent.
La religion ne m’est d’aucun secours même si je m’accroche parfois à ses étincelles.
J’observe la rue depuis la fenêtre de ma chambre. Tout le monde est joyeux en cette fin d’année. Les enfants rient ; les adultes redeviennent des gamins.
L’horloge du salon égrène les minutes. J’entends son compte à rebours résonner au creux de mon oreille.
La fatigue me gagne. Je me laisse aller vers l’inconnu.
Ce texte, je le dédie à mon père qui aurait très bien pu ou voulu l’écrire. Tu es parti en laissant un vide immense. Alors, je te le répète à jamais : je t’aime.
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Valli