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     la tentation du diable
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Expéditeur Conversation
Nilrem
Envoyé le :  5/3/2014 17:58
Plume de soie
Inscrit le: 4/3/2014
De: saint etienne
Envois: 151
la tentation du diable

la tentation du diable

Vous me connaissez. J’ai mille noms. Mais au fond de votre cœur écartelé, dans les soubresauts de cette âme palpitante que vous offrez, je n’en ai qu’un. Il vous est unique, il est votre. Il est l’élan de votre ventre, le hurlement de vos désirs étouffés. Vous ne me nommez pas, vous n’osez qu’à peine murmurer mon nom. Et cependant vous m’appelez en une sourde prière. Une litanie grondante qui s’amplifie à chacune de vos respirations étouffées dans ces draps non froissés, à chacune des morsures que vous m’adressez dans l’oreiller où vous enfuissiez l’appel des plus doux pêchers.

Je vous entends. Je suis le goûteur gourmet de vos âmes qui se courbent à mon souffle.

Mais ne croyez pas que je me satisfais de la fleur qui se pâme à mon passage. J’aime jouer de vos pensées, leur donner la consistance du désir, et au diapason de mes attentes accorder vos rêves refoulés. Votre parfum est d’autant plus voluptueux que vous prétendez ne pas être miennes. Je regarde vos pas de danse s’effacer doucement sur le sable, quand griser de la liberté de vos sens, vous venez trébucher doucement dans mes bras. Le sable ne garde pas vos délicats entrechats à mon passage. Je vous cueille, je vous hume, je vous goûte, et à la capillarité de vos désirs je bois votre âme ivre comme une liqueur de jouvence. Mon étreinte vous laisse exsangue; à jamais meurtrie de ma venue.

J’aime souffler sur la flamme de vos sens après les avoir avivés.

Aucune de mes proies ne m’a jamais échappé et pourtant je ne me lasse pas de chasser. Peut-être voulez vous qu’en confidence je vous relate un de mes derniers trophées ?

Allons, ne succombez pas si facilement à ma séduction et froissez ce papier.

Vous devinez le sourire qui étire mes lèvres sur mes crocs. Votre regard sur ces mots flatte mon orgueil et mes lignes vous lient peu à peu. Ma plume trempe son encre dans votre âme, et les traits de ma calligraphie qui vous étreignent doucement sont certes modelés par ma main caressante, mais sont aussi tirés de l’écheveau ardent de vos pensées inavouées.

Et pourtant…pourtant…

Elle était appuyée contre cette table chargée de tant d’ouvrages effondrés que le bibliothécaire avait finalement renoncé à leur donner un semblant d’architecture. Cette pièce tendue de boiseries sur des flèches de pierres ressemblait à l’antre d’un navire. Matrice protectrice aux odeurs de vieux ouvrages, de poussières et de térébenthine. Elle respirait les pages d’un livre que ses mains en coupe approchaient de son visage. Elle étanchait sa soif aux maux musicaux d’un écrivain, et les mots coulaient entre ses mains, vibraient derrière ses cils courbés sous la caresse du poète. Elle s’échappait. Sourde à l’orage impatient qui frappait à la lourde porte de l’édifice. Elle s’évadait d’un quotidien exigeant, lasses de gestes répétés, de gestes interrompus, de mots oubliés ou contenus.

Je vibrais de son soupir, Je respirais aux mouvements de sa poitrine et son sang réchauffait dans le tourbillon de la prose rythmait le grondement de mon cœur. .Mes mains caressaient son ombre brutalement jetée par les éclairs sur le granit du dallage .Mes doigts étaient parcourus par des vagues de picotements, mes paumes brûlaient à sa vie. Je percevais tel le sourcier, le goût de cette eau, sa minéralité, les pulsations de son débit.

Sourcier de l’âme.

J’aurais pu utiliser tant d’artifices pour l’emporter dans cette tempête. Je le voulais, le désirais, le criais et ma pensée hurlait son nom comme ma prochaine victoire. J’étais si proche d’elle et touchant ses doigts qui enlaçaient les feuilles de l’ouvrage, je murmurais « vous permettez ? ».

Ses doigts blottis entre mes mains et la prose, elle leva les yeux vers moi dévoilant le sombre miel de son regard. Perdu dans ce puits d’émotions, je m’y noyais, ballotté, déchiré par la tant d’humanité. J’entendais ce « non » silencieux arraché à l’élan du « oui » et je m’arrachais à son regard, naufragé de son âme.

Glissant doucement ses mains hors des miennes, elle y laissa l’ouvrage et me souffla à l’oreille avant de s’éloigner, « je vous en prie, il vous est adressé ».

Sur ce Vieux livre craquelé aux pages jaunies, le titre figeait mon temps à jamais « La tentation du diable ».

Les premiers mots de cet ouvrage chantaient « La femme écartèle le diable entre Dieu et l’homme… », je venais de la rencontrer… que n’ai-je pas l’insouciance de l’homme ?
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