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Expéditeur Conversation
hervegosse
Envoyé le :  2/11/2012 21:17
Plume de soie
Inscrit le: 20/8/2011
De: PARIS
Envois: 173
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Il était costaud et marchait la tête rentrée dans les épaules. Mais, il n'était ni déformé, ni bossu. Il courbait le dos, à chaque pas. Je n'ai pas dit l'échine.

Il sortait régulièrement ses grosses mains calleuses de ses poches crasseuses. Combien de fois par jour? Mais bon sang! C'est impossible à dire! Vous m'en demandez trop! Je le suivais toute la journée, certes, mais de là à comptabiliser ce genre de choses!

C'était dans ces mains, ces mains calleuses dont je vous ai parlé, qu'il soufflait, même quand il ne faisait pas froid. Pourquoi? Eh bien, je ne pense pas que c'était un signal, un code secret. Je dirais que c'était une façon de s'occuper. A peu de frais, me direz vous! Oui, c'est vrai, à peu de frais.

Il clignait des yeux sans arrêt. Pour attirer les femmes, pour faire peur aux enfants? Je ne crois pas, non. Je poursuis. Son visage était secoué de tics nerveux qu'il essayait vainement d'arrêter. Là, vous voyez, j'avais raison! D'ailleurs, son pardessus, d'un gris indéfinissable, était troué sur les manches et sur le devant, à plusieurs endroits.

Si on le regardait d'un peu plus près, ce qui était rare – il n'avait qu'un seul observateur et c'était moi -, si on le regardait d'un plus prés, disais-je, il avait toujours les yeux grands ouverts et même écarquillés, ce qui traduisait pour moi la surprise et l'incrédulité.

Ses cils épais battaient comme des fenêtres, les jours de vent. Ils étaient longs, noirs et faisaient peur aux enfants. Je l'ai noté plusieurs fois. Et pourtant, ces enfants, ce n'était pas des enfants de cœur, des fils de sacristains! De jolis sacripants, je vous jure!Je les ai vus faire des choses!

S'il faisait peur, c'était peut-être, après tout, à cause de ses joues maigres, couvertes de taches mais aussi de cicatrices, plus au moins prononcées et qui pouvaient fournir de la lecture à toutes les bonimenteuses du quartier. Ces joues maigres étaient toujours en train de mastiquer. Avait-il eu, pendant longtemps, l'habitude de chiquer? Je me suis posé la question.

Quand il ouvrait la bouche...je m'approchai très près de lui, à ce moment là, pour aller vérifier...quand il ouvrait la bouche,les enfants avaient disparu et les femmes aussi. Il découvrait une rangée de dents gâtées avec des trous, au niveau des gencives. Il ne cherchait jamais un dentiste.

Quand il pleuvait, il éternuait souvent et cherchait en vain un mouchoir. De sa poche, il sortait un morceau de journal qu'il rangeait aussitôt. Alors, pour se calmer, il se passait la main dans les cheveux, des cheveux longs, gras, qui lui tombaient sur les épaules. Je l'ai vu souvent se mettre en colère contre ses mèches rebelles.

Sous le pardessus, il portait une chemise d'un blanc sale, jaunie par endroits, toute fripée, jamais repassée. Moi, je repasse les miennes ou je les laisse chez le teinturier. Lui, avait l'air de s'en ficher et il ne devait pas avoir de femme pour repasser.

Une vieille cravate d'un bleu douteux, dénouée du matin jusqu'au soir, pendait sur le ventre proéminent, comme une bannière dérisoire. Je ne peux dire ni où ni quand il l'avait acheté.

Le pantalon était objectivement trop court, laissant bien voir des chaussettes d'un gris sale qui, visiblement, avaient de l'âge. Le pantalon, j'y reviens, faisait des plis sur toute la longueur et il était râpé aux genoux.

Ces détails dissuadaient tout regard au niveau des pieds. Moi seul, je m'y hasardais. J'observais. Ses pieds étaient contenus dans des savates de ville, noires, éculées, aux semelles qui baillaient fortement, dès les premiers pas. Les lacets, trop courts, avaient cassé plusieurs fois mais rendaient encore service aux chaussures.

Il marchait donc à pas lents, tendant la main et se présentant toujours de la même façon. Comme il n'avait rien dit avant, je me rapprochais pour écouter et enregistrer ses paroles.Il disait:
Bonjour Messieurs, Dames. Excusez moi de vous déranger. J'ai 52 ans. Je suis sans boulot. Je ne demande qu'une petite pièce ou un ticket restaurant, pour manger un peu et rester propre. Ce qu'il disait était clair et net pour qui voulait l'entendre.

Il m'avait mené jusque dans le métro. Ce n'était jamais la même ligne, jamais la même station, voilà ce que je peux vous dire de lui.Tout ce dont j'étais sûr, c'était qu'il partait presque toujours de la même rue. Mais d'où, exactement? Je n'en sais rien.


Hervé GOSSE


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Honore
Envoyé le :  6/11/2012 10:37
Modérateur
Inscrit le: 16/10/2006
De: Perpignan
Envois: 39527
Re: Description
A travers ton récit j'ai pu visualiser un SDF perdu dans la grande citée.
HONORE
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