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     La Seyne- Chronique 1952-1954
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Expéditeur Conversation
Parceval
Envoyé le :  11/5/2021 10:57
Plume de platine
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La Seyne- Chronique 1952-1954


La SEYNE/sur /MER. CHRONIQUE 1952-1954
(Suite de « Tranches de vie à Balaguier »)


Tandis que je goûtais les joies champêtres et maritimes de la Campagne Balaguier, mes parents, eux, n’appréciaient que modérément le coté «rustique» du logement déjà vétuste que nous occupions. Ils s’employaient activement a chercher à nous reloger décemment. Mais ça, l’enfant que j’étais n’en a rien perçu, c’était une affaire de «grands»
La rade de Toulon et les environs immédiats avaient été ravagés par les bombardements, et, dans ces années d’après-guerre, se loger restait problématique.
Nonobstant, la reconstruction était en train. A Toulon et La Seyne, les quais étaient achevés et des immeubles neufs paraient la façade des ports. A La Seyne, on s’activait sur les chantiers d’HLM. Il y avait le quartier de La Rouve et celui de Saint Antoine, dont nous voyions les immeubles s’ériger en allant à l’école, et plus loin côté Six Fours, le quartier Berthe.
Comment accéder à ces logements? Çà n’était pas simple, le secteur était rouge vif et, que ce soit pour travailler aux chantiers de construction navale (Forges et Chantiers de Méditerranée) ou à l’Arsenal (CGT oblige) ou bénéficier d’un HLM, il fallait montrer une patte écarlate.
Par l’intermédiaire de l’Association des Familles Nombreuses, mon Père se découvrit la fibre prolétaire, assista aux réunions, distribua l’Humanité Dimanche, et, sans aller jusqu'à se faire encarter (heureusement pour moi professionnellement plus tard), il parvint à nous faire attribuer un logement HLM au quartier Saint Antoine. C’était en 1952, je crois avant la rentrée scolaire, que nous avons déménagé.
La Cité comportait une dizaine de petits immeubles de trois étages, comportant huit appartements, répartis de part et d’autre d’une entrée, perron et escalier centraux et accès aux caves.
Nous, c’était le Bâtiment B, troisième étage à droite. Et c’était Byzance: Environ quatre-vingt-dix mètres carrés, trois chambres, cuisine, salle de bain, grand séjour et balcon. Finis la «toupine» et «ma cabane au fond du jardin», la toilette à la «pile» ou à la lessiveuse. Les murs étaient recouverts d’un enduit structuré lavable ocre jaune pale et les sols en «granito»! Aux oubliettes les tomettes rouge qui se décollaient et qu’on margeait avec un vernis blanc: le «raidur». J’occupais une petite chambre qui communiquait avec le balcon. La population de la cité était diverse et parfois avariée, majoritairement des ouvriers des FCM. L’alcoolisme était présent avec son cortège de violences familiales; chez nous c’était au rez-de-chaussée. Mais dans l’ensemble beaucoup de braves gens.
Nous avons sympathisé avec nos voisins d’en dessous, famille d’ouvrier des «Chantous». Mes Sœurs on trouvé là des copines… Moi, j’avais trouvé Max, au premier gauche et quelques garnements des pavillons qui bordaient la cité. Maman les trouvait tout juste fréquentables……Et puis il y avait les «terreurs» du coin, des plus petits aux plus grands, parents compris, voyous bagarreurs et chapardeurs, le clan des Simoës. Interdit de causer à «ces gens-là», visités périodiquement par la police.
La vie avait changé. Nous étions «en ville», tout prés de mon école et des commodités: commerce, transports, administrations et loisirs. Mon Père n’était qu’a quatre kilomètres de son chantier de Balaguier (en vélo). C’était le pied! Un seul bémol: les querelles de voisinage au sujet du bruit, car à l’époque, l’insonorisation des logements n’était pas une priorité…..
L’école François Durand n’était qu’à trois cent mètres, autant dire à notre porte. J’y faisais mon cours moyen première puis deuxième année avec Monsieur Sajeau et Monsieur Joffrey comme instituteurs. Celui qui m’a laissé un souvenir très fort c’est Monsieur Joffrey au CM2. Il reste pour moi l’archétype de l’enseignant idéal. Les salles de cours étaient classiques: Hauts murs, estrade et tableau noir, poêle à charbon cylindrique, bureaux à casier et bancs de bois, encriers de porcelaine remplis en encre violette, plumes sergent-major; les murs étaient couverts de cartes de France en couleur, par thèmes: reliefs, cultures, découpage administratif; et aussi l’empire colonial africain AOF, AEF…..
Je continuais à flirter avec la première place. A la récré, je retrouvais les mêmes copains et les mêmes «ennemis», trublions qui plaisantaient lourdement sur mon patronyme; J’en ai beaucoup souffert, et ça n’était que le début….
La vie, en dehors de l’école, c’était «La Mecque», avec ses points stratégiques. Le Rond-Point, tout proche, avec les bureaux et la gare des cars «Etoile», qui assuraient le transport public de Saint-Mandrier à Toulon avec des autobus Berliet et Chausson. En descendant vers le port on passait devant le cinéma «Odéon». Le port c’était aussi «Le Rex», autre ciné où se faisait la distribution des prix; A coté, le coiffeur; je me souviens bien de la musique des tondeuses à main (Clac-clac-clac-clac…) et du ronron plus rare des rares tondeuses électriques maniées par les virtuoses capillaires dûment chapitrés: «bien dégagé derrière les oreilles».
Un grand pont basculant, monstre d’acier imposant, gardait l’entrée du port où gîtaient voiliers et pointus. J’allais souvent au bout des quais voir les pêcheurs de dorades avec leurs lancers posés sur les enrochements et surtout la manœuvre du pont qui me fascinait; Il s’abaissait majestueusement dans le chant des klaxons d’alerte, pour laisser passer les convois ferroviaires, alimentant les chantiers en métaux, tôles, lingots et profilés divers pour la construction navale. En regardant vers l’ouest on bénéficiait du spectacle du démantèlement des grosses épaves dans la lueur des chalumeaux oxhydriques: c’était le chantier des «Abeilles», juste après le quai des navires câbliers. C’est sur le quai devant les Chantiers qu’on tirait le feu d’artifice du 14 Juillet et après c’était la fête foraine sur la place de la Lune… C’était la foule bruyante et bigarrée, le choc des auto-tampons, la sirène des chenilles; on comptait nos petits sous pour en faire un max….
Enfin, il y avait le marché du cours Louis Blanc coloré, animé, un vrai marché de Provence, cher à Gilbert Bécaud; tout en en bas, les marchandes de «cade» avec leur fourneau ambulant sur roues de bicyclette, et la pâtisserie Tisot. Dans la rue à coté, la halle au poisson à l’odeur «insistante»
A Saint Antoine on se retrouvait entre gamins au pied des immeubles pour jouer, chahuter et faire des bêtises et dieu sait qu’on en a fait. Les mamans sonnaient la mi-temps pour les repas ou les devoirs en interpellant ce petit monde depuis les balcons: c’était un concours de vocalises menaçantes…Les devoirs finis, je lisais «Spirou», les sombres aventures du détective Valhardi, Tif et Tondu et il y avait comme un mystère à Champignac.
Et par le copain Max, échange de bons procédés, il y avait «Vaillant», Placid et Muzo, tante Pim et le Capitaine, Guy l’Éclair, les Pionniers de L’Espérance et Mandrake le magicien! Whaou!
En saison, nous allions nous baigner aux Sablettes en vélo. J’y ai appris à nager tout seul comme un petit chien d’abord et «à l’indienne» ensuite. Les chevaux de frise anti débarquement avaient été enfin enlevés et l’énorme blockhaus de l’esplanade était en cours de démolition. Le Miramar était une baraque et le Golf Hôtel une ruine. Le reste était en chantier: Fernand Pouillon jetait les bases de la future station balnéaire dont l’architecture néo mauresque et le choix de la pierre coquillière comme matériau allait défrayer la chronique.
Quelquefois, c’était l’expédition : nous allions passer la journée sur l’ile du Gaou, au Brusc. Caravane de vélos par Six-Fours, dur, dur le col d’Artaud…
On passait à gué pour aller sur l’île et on s’installait face au sud au bord des criques. Royales les baignades et le pique nique sous les pins maritimes….
Au mois de mai, il y avait la fête à Janas, sur la route de Notre Dame du Mai, sommet du cap Sicié. Foraine, populaire et politique: notre fête de l’huma à nous. Tout allait pour le mieux dans le meilleur de mon monde….

Parceval
Sybilla
Envoyé le :  14/5/2021 18:25
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Envois: 97502
Re: La Seyne- Chronique 1952-1954


Bonjour Parceval,

Très belle histoire en partage !



Belle journée !
Amitiés
Sybilla


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Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates ""réelles"" de parution.

Le rĂŞve est le poumon de ma vie (Citation de Sybilla)

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