Faisant mon jogging matinal sous ordonnance médicale, j'avais l'agréable habitude de trouver sur mon chemin pédestre de longues petites files noires: Fourmis en peine activité et labeur quotidiens. Infatigables, tenaces, déterminées, disciplinées, méthodiques, organisées, elles transportaient leur pitance vitale à leur fourmilière...
Les fourmis ne connaissent ni repos ni détente. Elles n'ont droit ni aux jours fériés ni aux vacances. Elles supportent sans se plaindre des fardeaux souvent plus lourds et plus volumineux qu'elles. Quelle endurance! Quelle résistance! Quel courage! Quelle force!
Les voyant à l’œuvre, je souhaitais du fond du cœur que mes compatriotes ( soit disant appartenir à une race plus intelligente et plus civilisée) deviennent des fourmis ! Ils apprendraient des choses fort utiles dans la vie: D'abord, ils respecteraient ( et c'est la moindre des choses) la queue! Désormais, ils attendraient leur tour sans avoir cette envie viscérale de vouloir passer avant les autres. Enfin, ils ne se préoccuperaient plus uniquement et seulement de leur petite personne imbue d’égoïsme et d'individualisme... Ils apprendraient également des valeurs sociales essentielles pour vivre ensemble : Le sérieux, la discipline, l'abnégation de soi, le travail collectif, l'esprit de groupe, l'entraide, la solidarité... Ils deviendraient forcément intègres, honnêtes, probes, droits. Il n' y aurait plus ni corruption ni falsification ni vol ni tricherie ni magouilles ni anguilles sous roche ni coup de piston ni favoritisme ni clientélisme...
Certes, ces petites bestioles ont beaucoup de choses à nous apprendre mais elles sont si minuscules, si silencieuses, si humbles, si modestes qu'on ne les remarque même pas. Il est même des souliers aveugles, égoïstes et indifférents qui les écrase sur leur passage sans leur prêter la moindre attention! Hélas! ...Ils feraient mieux d'écouter les conseils de La Fontaine et cesser d'être des cigales parasites aux cris stridents pour devenir des fourmis travailleuses et laborieuses!
En courant, je fais très attention pour ne point écraser et tuer ces fourmis frêles, faibles et sans défense...Ces derniers mois de froid, mes petites amies ont disparu. Je les imaginais bien à l'abri dans leur demeure souterraine, se gavant de toutes les bonnes choses qu'elles avaient laborieusement amassées en été pour ne point mourir de faim et de froid en hiver. Quelle sagesse!...Je ne les voyais plus. Elles me manquaient un peu...Et comme par miracle, hier matin, elles ont fait leur apparition. Comme ma joie était grande en les revoyant, à la queue leu leu, actives, travailleuses et sérieuses!
Serait-ce les prémices d'un nouveau printemps et le dénouement d'un rude hiver? ...Tiens, voilà un papillon...et un autre... Plus de doute , je suis sûr maintenant: C'est le printemps.
Vive le printemps!
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Ma vie n'est plus une barque dans une mer enragée
Et je ne suis plus le naufragé!
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Mostafa, point fat, seul, las, si doux, rêvant de sa mie!!!