Rien n'était si beau, si attendrissant, si merveilleux et si talentueux que ce petit garçon qui, en quelques heures pouvait créer une marée d'eau salé, avec seulement ses larmes coulées. Aussi, il acceptait sans broncher, les coups de bâtons, comme les coups de pied que papa lui proposait. Des enfants comme lui, si bien dressés, malheureusement nous n'en voyons jamais. Ils se promènent, de temps à autre, traînés pas une laisse invisible au pied de leur mère, et entrouvrent leur mâchoire, seulement si on leur tend un gâteau au bout de leur museau.
Pour obtenir une telle obéissance, il suffit à l'un des parents de remplacer son cœur par une gentille tornade de violence, et d'oublier qu'il soit né humain pour mieux se transformer en une intelligente bête. Ainsi, jamais l'enfant ne pourrait oublier comment il doit être éduqué.
Il n'avait que sept ans, mais avec une enfance idéale comme la sienne, il méritait déjà d'être un homme si fort. Ses grands yeux si noirs, son petit nez si bossu, son sourire perpétuel que l'on recherchait sur son visage si pâle, la finesse si nette de son corps... Tout nous donnait envie de le serrer dans nos bras. Mais celle qui l'avait déposé sur terre, qui aurait dû lui enseigner les choses du monde, qui aurait dû être là pour le protéger contre toutes les monstruosités des hommes, nous défendait de le toucher.
Cette brave femme tenait beaucoup à son fils.
Ce petit ange recevait tellement de coups au quotidien, que son petit corps né tout blanc était devenu tout bleu, mais le résultat était remarquable.
Il exécutait tout ce qu'on lui proposait : il frottait le sol à quatre pattes par terre à l'aide d'une serpillière usée comme personne ne le faisait, maniait les couteaux de cuisine avec une immense précision, traînait des branches d'arbres morts qui mesuraient plus de cinq fois sa taille, trouvait tous les œufs que les dames à bec s’efforçaient de cacher en se traînant dans la boue...
Son papa était ferme et dur, mais c'était le rôle d'un papa. Chaque parole, chaque geste, tout resterait gravé dans la mémoire du fils. Ce futur petit homme idolâtrait son père et l'idolâtrerait jusqu'à ce que le vent emporte son âme au plus haut sommet du ciel.
Eulalie
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Souris, même si ton coeur est douloureux, même s'il est cassé. Tu pourras te débrouiller.. si tu souris; avec tes peurs et tes chagrins, souris et peut-être que demain tu trouveras une vie qui vaut la peine d'être vécue...