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Expéditeur Conversation
lavoile
Envoyé le :  30/12/2009 0:05
Plume de satin
Inscrit le: 28/12/2009
De:
Envois: 22
Fait divers
Dix ans. Cela faisait dix ans, jour pour jour, qu'il m'avait quittée. Dix ans que j'avais tenté, en vain, de me contenter de ces instants heureux vécus avec lui et de ne plus pleurer sa perte. Qu'y a-t-il de pire pour une mère que de perdre son enfant ? Son souvenir n'était que plus présent aujourd'hui, il me suivait, me traquait, refusant de me laisser vivre. J'ouvris le petit flacon blanc posé sur ma table de nuit, y pris d'abord trois, puis quatre, puis six petites gélules que je m'efforçai d'avaler à l'aide d'un verre de vodka. Mon esprit ainsi troublé parvenait alors mieux à se protéger de ce morbide souvenir, cette dernière image qui s'était imprimée en moi, ineffaçable.

C'était il y a aujourd'hui dix ans. Il sortait de l'école, la journée ayant touché à sa fin. Je l'attendais, comme toujours, garée dans la ruelle d'en face.

Je pris une nouvelle poignée de gélules, trop choquée des détails qui me revenaient si facilement, ne désirant pas m'en rappeler.

Comme chaque jour, lorsque je reconnus sa tête blonde, il m'aperçut, sourit, s'élança en ma direction en traversant la rue avec enthousiasme. Mais ce jour-là, il n'arriva pas jusqu'à moi, ni plus jamais. Son long corps frêle se figea lorsqu'il vit cette voiture, trop rapide, ce conducteur, qui s'était aperçu de sa présence et qui ne freina que trop tard. J'assistai à la scène, à quelques mètres de là. Il avait traversé cette rue, par ma faute.

Je rouvris les yeux, n'arrivant désormais plus à chasser son image de mon esprit, parfaitement nette en dépit du voile vaporeux qui recouvrait mes pupilles. Je clignai des yeux, les frottai à m'en faire mal, pleurai, hurlai. Elle ne partirait pas.
Je n'habitais qu'à quelques minutes en voiture de l'école. Haletante, je réussis à déverrouiller la portière, je n'aurais guère besoin de plus de temps pour démarrer... Et j'y serais... Presque... Désormais, il ne me quittait plus. Je voulais qu'il sache que je ne l'oubliais pas, que je pensais à lui chaque jour, à chaque heure, à chaque seconde, mais qu'il fallait qu'il s'en aille. Il devait partir.
Je me rendrais sur les lieux de l'accident, et, avec du recul, me persuaderais que je n'aurais rien pu y faire, que j'étais trop loin... Et peut-être aurais-je enfin l'esprit tranquille. Le soleil m'éblouissait, ma tête semblait exploser... Mes paupières étaient lourdes, tandis que le souvenir de mon fils était éveillé comme jamais, apparaissant partout, tantôt courant, tantôt couché sur l'asphalte, ayant désormais retrouvé son visage angélique et faussement innocent. Je ne pouvais plus faire abstraction de son regard qui me scrutait, tentant de déceler mon angoisse et l'accentuant. Il voulait se venger. Il voulait juste que vienne mon tour de souffrir comme il avait souffert.
Je débouchai sur la rue de l'école. Je ne pouvais faire demi-tour désormais, c'était trop tard, je ne pouvais repousser la souffrance, j'avais besoin de me confronter à cette réalité passée, vieille de dix ans. J'allais vite, trop vite, ma vision troublée par les larmes et l'alcool...
J'étais tout près, je crispai mes mains sur le volant. Elles étaient blanches, mes phalanges semblaient craquer sous la pression que je leur infligeais.... J'arrivai sur une ligne droite. Et là, je le vis. Il m'attendait

***
C'était un lundi comme les autres. Quel ennui ! Le soleil brillait quand je terminai les cours. Papa m'avait promis qu'après l'école nous irions au cinéma , puis manger une glace. J'entrepris donc le chemin qui menait jusqu'à chez moi. Mes cheveux brillaient sous le soleil. Je trouvais ça amusant, ces petites étincelles caressant et chatouillant mon visage, mon front, mes tampes. Je les tenais de Papa, ses cheveux blond doré pareils aux miens, mon physique relevant plus de maman, mince, pâle et élancée. J'avais hâte de rentrer. Je longeai la rue de l'école tout en regardant mes pieds.
Je traversai le passage clouté, en regardant de chaque côté de la rue. Un accident de voiture survenu dix ans plus tôt avait tué un garçon de l'école, depuis ce jour tout le monde faisait très attention.. Une voiture arrivait, mais elle était loin. Cependant, quelque chose m'étonna. Elle ne ralentit pas.


***

Je ne voulais pas laisser un énième mirage me détruire. Encore. Il traversait tranquillement pendant que j'avançais.
Une lueur de folie alluma mon regard déjà déformé par la souffrance. Il ne gagnerait pas, je le refusais. J'irais de l'avant, je l'oublierais. Je fonçai en disant au revoir pour la dernière fois à l'image de mon fils disparu depuis si longtemps.
Le choc fut plus violent que ce à quoi je m'attendais. Au lieu de s'évaporer, l'image sembla se corporaliser. Mon délire allait vraiment trop loin. J'aperçus même, d'un coup d’œil dans le rétroviseur, un corps gisant sur le goudron, sur lequel une tâche humide se dessinait. Il était mort pour de bon. Parti. A jamais. Soulagée, je m'en allai sans décélérer.

***

Je ne comprenais pas. Pourquoi la voiture qui m'avait pourtant vu ne s'était elle pas arrêtée ? J'étais par terre, recroquevillé sur l'asphalte.. J'avais froid, malgré le liquide tiède qui enveloppait mon corps. Ce liquide rougeâtre tâchait mes habits, maman allait encore me gronder... Bizarrement, j'avais terriblement mal, mais plus les secondes passaient, plus mon corps s'engourdissait. Puis je ne sentis plus rien.

Honore
Envoyé le :  31/12/2009 17:56
Modérateur
Inscrit le: 16/10/2006
De: Perpignan
Envois: 39531
Re: Fait divers:un garçon de dix ans a été renversé hier dans l'après midi...
Terrible histoire, criante d'une atroce vérité qui m'a donné des frissons de révolte.
HONORE
Facillire
Envoyé le :  19/2/2010 14:56
Plume de platine
Inscrit le: 30/1/2010
De:
Envois: 2762
Re: Fait divers
J'ai lu! Le silence est digne et respectueux.

Il y a des douleurs très difficiles à exprimer.

Merci.


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