Les co-détenus

Le salpêtre mange les murs sauf un
Qui se dessine une carte de France et une partie de l’Afrique
Il la dessinée avec des croutes de pain

Ils sont deux à regarder le temps qui passe
Trois avec la fumée plein les narines
Six avec les hurlements de ceux condamnés à y vivre pour toujours
Huit avec la sueur cloacale des toilettes
Dans une chambre pour deux


Les sons métalliques détruisent longuement
Dans une belle ivresse
Les éclosions de silence
Ils mordent le temps avec des obsessions dangereuses


Le temps s’étire
Avec la puissance d’une goute de sang
Ils promènent leur chair défaite pendant vingt quatre heures à ne rien faire
Dans le recoin de la cellule
Ils marmonnent des sons inaudibles faits uniquement pour les leurs
Ici c’est le passe angoisse derrière la porte les clés du gardien et l’œil à tout voir


La petite journée est passée
Comme un passant nonchalant
C’est le reflux du temps qui passe
Ils sont toujours sur le qui-vive
Alors certains font semblant de respirer la liberté avec les muscles entraînés
Le seul sport à leur portée
Et qui tue le temps à petit feu


L’un est un fumeur de hasch
Perdu dans la tentation de récidiviste
A côté d’un tueur
Qui a assassiné sa femme
Les autres ne sont que des bandits de longs chemins

Dans ce ciel bouclé par les murs
On vole les haillons d’espérance
Ils ont oublié la douceur d’être à deux
L’odeur du pain chaud du matin
Le tanin du vin et la hauteur des chênes
Le brouhaha du petit matin
Lors de l’unique promenade à cinquante hommes
Le bruit gèle en hiver pour se réchauffer en été
Les plans d’évasion les plus évasifs s’échaudent
Dans la cour de récréation

Ils ont oublié l’odeur poivre de la ram de métro
Le défi à la pesanteur des glycines
Le mal de cœur de la marine
Et la l’angoisse du vide
Ils sont trop pleins d’eux-mêmes


Paris, le 24 juillet 2019

Il le sait
La peur est en lui
Il ne maîtrise presque plus rien
Tout juste ouvrir les porte est un espoir pour lui
Les voir en riant le désarçonne
Ils sont si nombreux
Qu’à la moindre révolte tout s’enflamme

Il a peur du tuer qui est la pour une petite éternité
Ses mains sont franches et son esprit étroit
Seule sympathie avec le peut fumeur de haschich
Même les mouches l’été se posent sur lui

Il ne sait que dire
Le bonjour est trop familier,
Alors il se contente d’un allez passez
Mon regard masque très mal ma détresse
Et il la noie dans les pensées les plus floues
Ses mots du soir chevrotent dans sa gorge,
La nuit sera longue
Impuissant et désarmé
On s’étonne du reste de discipline qui
Demeure
Un feu de paille et tout s’embrasse
D’où vient leur passivité celui du uteur en particulier
D’où vient leur sérénité
A compter les jours de chaque jour

Nous le savons désormais il a peur
Chaque jour est un jour de peur étouffée
La journée des insultes des mots bas des bassesses
Le refus de ressortir de la cour de récréation
Le temps le plus dur à prendre en charge
Des lions qui sautent à travers le cerceau de feu
Chacun de leurs gestes brouillent ses pensées
Qui laissent des traces de moisissure dans la tête

Nous le savons déjà il a peur
Ils connaissent sa famille le lieu d’habitation
Et ils sont de mèche avec le monde extérieur
Celui hors de la prison
Je n’ai plus de menace
Que des cartouches mouillées
Il voudra sortir mais lui aussi est un prisonnier
Un prisonnier de la peur //


Paris, le 24 juillet 2019

la peur jour et nuit
la peur à l'interieur à l'exterieur
une sale vie

une vie pas facile

Bonsoir Richards,

Ce doit être très dur à vivre !



Bonne soirée !
Mes amitiés
Sybilla

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Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates "réelles" de parution.


Le rêve est le poumon de ma vie (citation de Sybilla)

Saisissant !

Happée par cette lecture où l'angoisse et le mal être sont prégnants.

Mes amitiés.



Michèle

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La vie est belle il faut savoir l'apprécier.