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     Je t'en supplie: donne-moi la mort
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Expéditeur Conversation
Facillire
Envoyé le :  4/4/2010 11:57
Plume de platine
Inscrit le: 30/1/2010
De:
Envois: 2762
Je t'en supplie: donne-moi la mort
Mon Dieu que le ciel est bleu !
Les couleurs de tout ce qui m’entoure
sont si jolies.
Ma respiration se fait de plus en plus forte,
c’est beau.

La main qui tient la mienne est si douce.
Malheureusement je ne peux la serrer ni la
sentir.

Oh, voilĂ  un oiseau qui vient de se poser.
La main caresse la mienne. Je voudrais
tant pouvoir lui parler, mes mots restent
emprisonnés dans ma tête.

Je suis assis dans ce fauteuil dans lequel je
suis incapable de faire le moindre geste.
Un cordon ombilical me relie Ă  une
machine qui respire en mĂŞme temps que moi.

Ma mémoire remonte à hier, quand je me suis
réveillé.
Ma chambre est toute blanche, j’ai cru que
j’étais au paradis.

Lorsque j’ai vu pour la première fois la personne
qui me tenait la main, j’ai cru que c’était un ange.

Elle me parle affectueusement avec des mots
qui sont tellement gentils que seuls les anges
connaissent. Qui suis-je ? Je n’en sais rien.

Pourquoi suis-je là… Seul compte pour moi l’instant de
mon réveil. Pour moi je suis né hier. Elle me parle de sa
fille, de son mari, de sa maison, de sa vie…mais moi je
ne peux lui répondre.

Je suis une personne sans la faculté de la parole.
Les autres malades ont de la famille qui leur rend visite.

Moi, je n’ai que Léa. C’est elle qui m’a dit son prénom et
le mien. Je m’appelle Grégoire, Je suis un inconnu pour
moi-mĂŞme.

Le parc arboré dans lequel nous nous trouvons est si vert,
les arbres tels des géants sont les gardiens de cet endroit.

Une brise souffle, sans attendre elle dépose sur mes épaules
une couverture .Je veux tourner la tĂŞte, pour la remercier.
Mes mouvements sont bloqués !

Elle s’accroupit, elle me regarde avec tendresse.
-Grégoire, vous n’avez pas trop froid ?
Si c’est le cas nous rentrerons.

Je cligne des yeux pour dire non. Elle est stupéfaite
et repose sa question.

-Grégoire si c’est oui, clignez une fois, si c’est
non deux fois.
Je cligne donc deux fois. Elle est si contente
que son visage s’illumine de mille bonheurs.

-Vous savez Grégoire, le docteur m’avait dit
qu’il n’y avait pas d’espoir de communiquer
avec vous. Votre accident a été si terrible que
c’est un miracle que vous soyez en vie !

Dorénavant, convenons que pour oui vous
clignerez une fois, pour dire non deux fois

Elle reprend mes mains dans les siennes.
Je devine qu’elles sont si douces qu’on dirait
qu’elles ont été conçues avec des pétales de roses.

L’heure de promenade est terminée, mon ange
gardien me ramène dans ma chambre.

Je réalise l’ampleur de mon handicap. Pas moins
de six personnes sont là pour m’installer dans le lit.
C’est une corvée qui prend presqu'une heure.

Les jours se suivent, ils apportent leur lot
d’incertitudes. Le plus terrible c’est ce respirateur
auquel je suis relié.

J’attends Léa impatiemment,
c’est avec elle seule que je veux parler.

C’est long, trop long ! Les heures sont rythmées
par ce satané respirateur, je ne sais toujours pas
ce qui m’est arrivé.

Pas de visite, j’en déduis que je suis seul
dans la vie.

Je ne peux mĂŞme pas voir mon corps.

Qui suis-je en réalité? Elle seule peut me répondre.

Enfin, la voilĂ . Elle est radieuse, ses yeux bleus
couleur ciel sont si beaux que je voudrais m’y
perdre Ă  jamais.

Ses cheveux blonds sont noués, telle une
tresse de fils de soie. Je voudrais les caresser.
Son premier geste est de me tenir la main.

Elle me regarde dans les yeux avec une tendresse
maternelle.

-Grégoire, comment allez-vous ?
Je ne cligne pas les yeux, mon regard est fixe.

Je voudrais lui demander qui je suis. Pourquoi je suis lĂ  ?
Pourquoi, et encore pourquoi ?

-Grégoire, ça ne va pas ?

-oui

Elle me raconte alors mon histoire tragique.

-Vous avez trente et un ans, vous êtes marié.
Vous Ă©tiez dans le coma depuis trois mois,
suite Ă  un accident de la route.

Après avoir quitté votre emploi de magasinier,
vous avez pris l’autoroute, un conducteur
fantôme venant en sens inverse vous a percuté.
Il est mort !

Le choc a été terrible, vous êtes paralysé de
tous vos membres. Vous ne pouvez pas respirer
sans l'aide d' un respirateur artificiel.

Votre épouse ne vient plus, depuis que le médecin
lui a dit que votre état ne s’améliorerait pas.

Vous n’avez pas de parents, ils sont morts dans
un accident de voiture quand vous aviez cinq ans.

Maintenant, je vais vous faire vos soins.

Sans autre mot, elle s’affaire.
Je n’ai aucun sentiment particulier, mon amnésie
est une barrière à la souffrance.

Je suis préoccupé par ma paralysie. Le respirateur
râle, comme s’il était animé d’une vie propre et qu’il
comprenait mon Ă©tat.

Je n’ai donc aucune perspective!

Léa s’approche pour que je puisse la voir.
Mon Dieu qu’elle est belle ! Une voix intérieure
me rappelle qu’elle est mariée.

Et moi, je suis là, inutile, dépendant, sans
aucun avenir.

-Grégoire, nous ne pouvons pas faire une
sortie aujourd’hui car il pleut.

Ma fille a réussi ses examens de fin d’année.
Elle est en quatrième année primaire.
Voici sa photo, elle est jolie, vous ne trouvez pas ?

-oui

En effet, elle est si jolie, elle ressemble Ă  sa maman.
Toutes mes pensées sont pour Léa !

Je réalise qu’il faut lui avouer mes sentiments.
Comment faire ?
Les soins terminés, elle s’en va.

Alors mon monde s’écroule, je suis un égaré dans
un désert de solitude.
Ce qui me hante est de rester lĂ .

La visite du chirurgien est on ne peut plus claire
sur ma situation.

-Vous avez de la chance, l’assurance prend
Ă  sa charge tous vos soins.

Léa m’a dit que vous pouvez vous exprimer
par des clignements de paupières.

J’ai une bonne nouvelle, si vous le souhaitez,
le service informatique pourrait relier les muscles
de vos paupières à un programme informatique.

Vous pourriez ainsi vous exprimer.
C’est une technologie des plus récentes!

Monsieur Mainhotte, si vous êtes d’accord, dites- le moi.
Je cligne pour donner mon accord.

-Bien, je mets l’équipe sur le coup.
Toute la nuit, je reste éveillé. Mes pensées fusent
dans ma tête, telles des comètes.

Je ne peux rester dans cette situation : inhumaine.
Léa pourrait m’aider… Mais ,puis-je la solliciter dans
ce domaine? Je perds le fil de mes idées qui étaient
rythmées par le respirateur artificiel.

Je suis seul au monde !
Ma femme, ne vient plus. Puis-je la blâmer ?

D’ailleurs je n’ai aucun souvenir d’elle, c’est
mieux ainsi.

Le lendemain, l’équipe informatique est là.
Des électrodes sont placées au pourtour de
mes yeux.

Un Ă©cran est Ă  ma disposition. Je peux diriger
le programme avec mes yeux. Une voix métallique
peut même prendre le relai. C’est fantastique !

Je peux enfin m’exprimer. Je remercie l’équipe
des informaticiens.
Ayant perdu la mémoire, je ne sais pas si je
suis croyant.

Je vais donc sur des sites de
toutes les confessions religieuses.

Baratin! Je ne crois en rien ! La seule chose
en quoi je crois ; c’est la mort assistée.

J’ai été voir sur des forums, la chose n’est
pas légale mais la pratique est courante.

Mes idées sont encore vagues, pour le moment
je veux connaître Léa.

Le lendemain, LĂ©a vient tout sourire pour mes soins.
Elle est folle de joie! Parler enfin avec moi!
Certes, c’est un peu saccadé mais je m’y fais aisément.

-Léa, je n’ai que vous au monde.

-Pour le moment c’est vrai, dans quelques temps,
sympathique comme vous ĂŞtes, vous allez vous faire
des amis ici et sur facebook.

-Léa, je sais que vous êtes mariée... mais je ne pense
qu’à vous !

Elle rougit, tourne la tête et s’affaire aux soins.

-Léa... Léa... répondez-moi.

-Grégoire, je ne peux avoir une relation autre
que celle d’une infirmière pour son malade.

-Oui, je comprends. Je ne suis pas un malade ordinaire.
je voudrais vous parler en ami.

-Ah bon ! Euh…Oui bien sûr.

-Pensez-vous que ma vie vaille la peine d’être vécue ?

-J’en suis persuadée.

-Suis-je normal ?

-Et bien, votre esprit est vif.

-Un homme n’a-t-il pas le droit de choisir sa mort ?

-Comme vous y allez, grand Dieu !

-Dieu, peut-il m’aider à me relever et redevenir valide ?

-Grégoire, ma foi m’interdit de vous laisser proférer
des blasphèmes.

-Vous ne répondez pas à ma question.

-Bien, je dois vous laisser. A demain…

Son visage s’est assombri, faisant place à une peur.


C’est mon ange, je sais que je la torture mais qui d’autre
m’aiderait…

J’apprends par une autre infirmière que je suis à Saint-Luc.
Je comprends mieux les choses.

Ma décision est prise, je ne veux pas finir sans l’avoir décidé.

Cela est mon droit.

Je veux aussi faire un don d’organe.

Que ma mort serve Ă  un autre malade.

Pendant plusieurs jours, LĂ©a ne vient pas.

J’ai la visite de l’abbé.

-Bonjour mon fils, comment allez-vous ?

-Je ne suis pas votre fils !

-Oui, je sais, mais c’est l’expression usitée.

-Appelez-moi Grégoire.

-Grégoire, Dieu est à vos côtés. Voulez-vous prier ?

-Non, je veux mourir!

- Que me dites-vous là ? La vie vaut la peine d’être
vécue.

-Vous trouvez ? Je ne peux mĂŞme pas respirer par
mes propres moyens.

Dites-moi l’Abbé, si j’avais été un chien, aurait-il fallu me tuer ?

-Oui, on ne peut laisser souffrir un animal.

-Moi, je peux donc souffrir !

-Mais vous n’êtes pas un animal, il faut prier et espérer.

-Dieu a donné cette faculté aux hommes, pas aux animaux.

-L’abbé, laissez-moi, je suis fatigué.
Veuillez ne plus revenir !

-Bien mon fils, que dieu vous protège.

Enfin Léa est revenue. Son visage d’ange protecteur
me fait du bien.

Je lui relate les derniers évènements.

Vous savez LĂ©a, je dois pouvoir mourir dignement.
Je sais que vous souffrez Ă  cause de mes paroles,
je vous en supplie ayez pitié de moi.

Un jour, ma souffrance sera telle que
je ne pourrai plus m’exprimer comme aujourd’hui.
Je vous demande; un don de mort !

Bien sûr je voudrais tellement parler et vous regarder
dans vos yeux qui sont si merveilleux, mais ma raison
me dit que je dois quitter cette terre et aller rejoindre
d’autres anges que vous.

Je n’ai pas fais le choix de venir ici, en tant qu’homme,
j’ai le droit de mourir quand et comme je le désir.

C’est vous que j’ai choisi. Mon souhait est de mourir
en vous regardant.

Votre époux a beaucoup de chance, dès qu’on vous
regarde, on a l’impression que l’éternité est au fin
fond de vos yeux.

Je ne vous demande pas une réponse tout de suite,
par amour de votre prochain, pensez-y.

Je me retrouve tout seul, face Ă  moi le plafond froid
de la chambre.

Je vis une situation inédite, mon seul espoir est d’en
finir avec dignité.

La flamme de la vie s’est éteinte. J'aurais dû mourir lors
de l'accident!

A défaut de pouvoir me tuer, je tue le temps grâce à
internet. Je surf sur la vague.

Étonnamment, les gens sont très intrigués par ma
situation.
Nombre d’entre eux veulent devenir mes amis.
Ils me soutiennent comme ils disent...

Pour eux, je suis un fait divers qui leur donne du courage
dans leur propre vie.

Se sentir en pleine santé, alors qu’il y a un pauvre type
qui ne peut plus rien faire.

Les quelques débats que j’ai eu sur la mort assistée se
sont soldées par une fuite des internautes.
C'est un sujet qui fait peur!

Il est difficile de trouver une oreille attentive.
Les idées des gens sont remplies de préjugés.

L’hypocrisie règne en maître, j’aimerais tellement
qu’une personne me dise" IL faut mourir, votre salut ne
viendra pas"

Je suis dure avec eux, seul moi sais ce qu’implique
ma situation. Je voudrais pourtant témoigner,
pour que mon histoire serve à d’autres.
Il y aura toujours des conducteurs fantômes…

Je décide alors d’écrire mon histoire. L’ordinateur m’aide
énormément.

Les heures se suivent, pour moi c’est le respirateur
qui mène le débat. Je décide de l’appeler: Eole.
Eole me répond.

-Je suis ton gardien, tant que je suis lĂ  tu ne risque rien.

- De quel droit te proclames-tu gardien de ma vie ?

-Parce que j’ai été fabriqué dans cet objectif.

-Bon sang! Pourrais-tu arrĂŞter ce boucan ?
Je suis Ă  bout, sois sympa quittons-nous amis.

-Inutile d’essayer de me détourner de mon devoir.

Seul, le chirurgien peut me débrancher.

-Crétin, c’est à moi de décider, je t’ordonne de me
laisser tranquille. Je suis un homme libre !

-Il ricane telle une hyène devant sa proie.

Tout à coup je me rends compte de la situation suréaliste.
Je délire, parler à une machine !

Léa est bouleversée quand elle rentre chez elle,
son mari s’aperçoit du désappointement de sa femme.

Il en a l’habitude, Léa a toujours travailler dans de
conditions où sa sensibilité a été mise à dure épreuve.

-Qu’y a-t-il ?

-Rien, un malade difficile.

-Allez racontes, ça te soulagera.

-Je t’en ai déjà parlé, c’est Grégoire, il me demande
de l’assister pour mourir.

-Il faut que tu prennes une décision ma chérie.

Tu sais que je te soutiendrai quel que soit ton choix.
Notre église ,à ce jour, ne l’accepte pas, mais ta
conscience peut aller au-delĂ .

D’ailleurs tu m’a dis qu’il était condamné.
Je suis d’avis que le corps médical doit tout faire.

Bien sûr, un médecin est là pour sauver des vies,
mais un nouveau devoir lui incombe désormais : aider
Ă  mourir dans des cas extrĂŞmes, par respect de leurs malades.

Enfin LĂ©a entre dans ma chambre.

Elle est radieuse, elle me dit qu’aujourd’hui après les soins,
elle sera disponible pour moi le reste de la journée.

Je suis impatient…

Les soins terminés, elle s’assied sur le bord du lit .

Un ensemble de miroir me permettent de la voir.

-Léa chérie, vous serez la seule femme que j’aurais
vraiment aimé avant de partir.

-Grégoire, vous exagérer !

-Pas le moins du monde, le bonheur que vous me procurer
est sans pareil.

Elle rougit, ses joues s’enflamment.

-Léa, avez-vous pensé à ma proposition ?

-Oui, c’est au-dessus de mes forces.

-LĂ©a, pourrais-je vous tutoyer ?

-Oui bien sûr !

-Je t’en supplie donne- moi la mort !

-Grégoire, vous pourriez en faire la demande
au chirurgien.

-Tu ne comprends donc pas !

C’est toi que je veux pour m’aider à mourir,
en homme digne.

Tu es la seule et dernière personne qui me reste.
Toi seule, me comprends, je le sais.

Par amour, fais-le …

Elle fond en larmes, son chagrin me brise le cœur
en mille morceaux.

-Non, il ne faut pas pleurer, là où j’irai ,je serai
débarrassé de ce corps mutilé.

Et qui sait, les portes du paradis me seront
peut-ĂŞtre ouvertes ?

Les larmes telles des gouttes de pluie se perdent dans
l’océan de la souffrance.

L’hypocrisie de notre monde guide nos sentiments.

Le bonheur est parfois lĂ  oĂą on le veut, pour moi
cela sera le jour où je serai délivré, laissant à une
personne de mon choix l’héritage de mes dernières
pensées.

En vérité, que me reste-t-il? Rien...

Léa s’en va, son visage est inexpressif.

La douleur que provoque ma demande lui est insupportable.

Et, ça ma fait très mal aussi.

Les jours se suivent, mon état se dégrade.
Deux mois se sont écoulés depuis notre conversation.
Je n’aborde plus le sujet, Léa est sombre. Je la respecte
tellement que je ne parle plus que de banalités.

Le pire, c’est la nuit. Le respirateur m’empoisonne la vie .

Le jour de la visite des médecins, Je suis un cobaye.

Les chuchotements vont bon train. Je ne suis pas idiot,
un jeune stagiaire dit Ă  son copain: il est mal en point,
deux mois dis-tu ?


Le professeur, le reprend de suite ; voyons monsieur! de la
retenue!

Ils croient que je n’ai pas compris.

Il me reste donc, deux mois Ă  vivre.

De quelle manière, je le devine…

L’hypocrisie du médecin est sans commune mesure.

-Il me semble que votre Ă©tat est satisfaisant mon ami ;

-De quel droit m’appelez-vous mon ami ?

-Eh bien, cher patient en voilĂ  un comportement.

-Ce n’est pas parce que je ne peux pas bouger que
vous devez me parler d’une façon infantile.

Respectez-moi !

-Certes, pas d’énervement, veuillez gardez votre calme !

Que puis-je pour vous ?

-Laissez-moi mourir dignement.

-Allons, en voilĂ  des propos !

-Docteur, ne faites pas l’hypocrite, je sais qu’il me reste
deux mois à vivre, je l’ai entendu.

-Je vais vous envoyer le psychologue.

-La belle affaire !

Je ne veux voir personne, si vous voulez faire quelque
chose envoyez-moi l’infirmière Léa.

-Comme vous voudrez.

Léa arrive peu après. Je n’ai plus le choix, elle
doit m’aider.

Quoi qu’il en coûte, à elle comme à moi.

-Me voilà Grégoire, vous avez encore tenu des propos graves.

-Léa, ma chérie, tu sais qu’il me reste deux mois à vivre.

Mon état va se dégrader, je ne pourrai plus rien faire
que souffrir et subir.

Surtout, ne pleure pas !

Je te le redemande : donne-moi la mort !

Grégoire, entre-nous s’est créé des liens très forts.

Effectivement, je sais le temps qu’il vous reste.
Aucun médecin ne veut prendre la décision.

Je ne veux pas vous laisser souffrir, je ne sais pas
comment je vais m’y prendre mais je vous jure que
demain votre souhait sera exhaussé.

-Merci, je ne sais pas si Dieu existe, je suis sûr par contre que
les anges, eux, existent car si sur terre j’en ai rencontré un…

Je suis soulagé, demain je quitte les rivages tristes de cette
terre, vers des contrées où m’attendent des anges comme Léa.

Comme tout homme valide, je me prépare pour le grand départ.
Quel bonheur ! Je suis fou de joie, oh non pas triste du tout !
Le devrai-je ?

Tout d’abord je dicte mes dernières volontés par le
biais de l’ordinateur.

Puisque mon épouse s’est séparée officiellement de moi,
je lègue tout ce que j’ai à l’association qui s’occupe
des enfants cancéreux de l'hôpital.

Ils sont formidables, ils emmènent les enfants à
Eurodisney. Des jeux, des ordinateurs leur sont achetés.
L’association vient en aide aux parents qui sont à bout
de souffle psychologiquement et financièrement.

Pour moi, un enfant ne doit jamais souffrir.
Je dicte les raisons qui ont motivés ma décision.

Je mets Léa hors de cause, j’écris que moi seul ,sain
d’esprit, mais pas de corps, ai décidé d’en finir.

Beaucoup d’hommes ont donné leur vies pour que
d’autres retrouvent leur dignité.

Je demande aux autorités de tenir compte de l’état
avancé de ma maladie.

L’histoire de mon récit se trouve dans le fichier :
« Je t’en supplie donne-moi la mort »

C’est la preuve que mon esprit est sain.

Je sais que Léa aura des problèmes, je désire que
mon cas fasse jurisprudence.

Léa doit avoir le respect de tous et nullement inquiétée.

Je remercie, tout le corps médical pour son dévouement.

La nuit arrive enfin, je suis prĂŞt.

Léa arrive à l’heure convenue.

-Bonsoir Grégoire.

-Te voilĂ , mon ange.
Je voudrais te dire combien je t’aime, et aurais voulu te
conquérir avant de partir.

Ton geste est une preuve d’amour, même si cet amour
ne peut avoir la place que j’aurais souhaitée dans ton cœur.

-Grégoire, si vous le désirez nous pouvons en discuter
Ă  nouveau.

-Non, je suis décidé, c’est le plus beau jour de ma vie.

Je voudrais te regarder dans les yeux avant d’être délivré.

En professionnelle, elle me fait une injection d’une forte
dose d’adrénaline.
Mon cœur s’emballe, j’ai le temps de regarder ses yeux
couleur ciel.

Une fraction de seconde, je vois une lumière intense
qui m’attire. Je vais vers elle, c’est si beau…

-C’est enfin fini, il ne souffrira plus.
Maintenant la bataille juridique va commencer
pour moi.

A Dieu, Grégoire, soyez heureux.
Mon Dieu, pardonnez-moi, je vous aime tellement!

Irma
Envoyé le :  4/4/2010 18:20
Plume de soie
Inscrit le: 5/1/2010
De:
Envois: 84
Re: Je t'en supplie: donne-moi la mort
Récit boulversant...débat lancé maintes et maintes fois ,malheureusement en france rien ne bouge.
je te remercie d'avoir évoqué ce sujet qui me tient tellement à coeur.

Bravo Erhan...


----------------
"La rêverie est le dimanche de la pensée"

Facillire
Envoyé le :  5/4/2010 9:28
Plume de platine
Inscrit le: 30/1/2010
De:
Envois: 2762
Re: Je t'en supplie: donne-moi la mort
Bonjour Irma,

Je suis d'accord avec toi,c'est déplorable qu'un sujet

aussi important ne bouge pas en France.

Faut-il à chaque fois écrire au Président de la République?

Bonne journée à toi et merci pour ton commentaire.

Amitiés,Erhan

Jo-alsace
Envoyé le :  13/4/2010 9:04
Plume d'argent
Inscrit le: 24/2/2010
De:
Envois: 484
Re: Je t'en supplie: donne-moi la mort
ça m'a tellement bouleversée que je ne peux rien te dire...

Facillire
Envoyé le :  14/4/2010 17:16
Plume de platine
Inscrit le: 30/1/2010
De:
Envois: 2762
Re: Je t'en supplie: donne-moi la mort
Bonjour Jo-Alsace,

Mon texte est dur,je le sais. Dans la vie il y a aussi ces moments lĂ .

Ce n'est pas évident de le commenter.La réflexion est ouverte...

Je te remercie de l'avoir lu et surtout de m'avoir laissé un petit

message,qui me fait énormément plaisir.

Amitiés,Erhan
jaicemail
Envoyé le :  16/4/2010 5:53
Plume d'or
Inscrit le: 5/2/2010
De: Le Haillan
Envois: 1544
Re: Je t'en supplie: donne-moi la mort
Bonjour Facillire,
Quand je te lis, je pense Ă  Voltaire.
Un style simple, percutant.
Pour un présenter un conflit-devoir réellement philosophique.
Amitiés.
Facillire
Envoyé le :  16/4/2010 14:28
Plume de platine
Inscrit le: 30/1/2010
De:
Envois: 2762
Re: Je t'en supplie: donne-moi la mort
Bonjour Jaicemail,

Lire mes textes ça me fait déjà énormément plaisir.

J'essaie d'y mettre toute l'humanité et la tolérance possible.

Et quand un virtuose des mots comme toi me compare Ă  Voltaire,que dire?

Je te remercie,je t'apprécie aussi énormément.

Dans mon pays de Méditerranée on dit "Heureusement que tu existes"

Amitiés de Liège,Erhan



Automne
Envoyé le :  1/5/2010 10:45
Plume d'or
Inscrit le: 23/11/2009
De: Ath en Wallonie
Envois: 1625
Re: Je t'en supplie: donne-moi la mort

Bonjour Erhan ! Je viens de découvrir ce récit bouleversant que j'ai lu de la première ligne à la dernière !

Je pense aussi qu'un être humain sain d'esprit mais condamné par la maladie devrait pouvoir choisir une mort digne... C'est ce qui s'est passé pour un de nos amis en phase terminale d'un cancer... il est parti paisiblement, entouré de ses trois filles.
En Belgique c'est maintenant possible mais toujours pas en France.
D'autres préfèrent se confier aux soins palliatifs et attendre ainsi une mort "naturelle"...
C'est leur droit bien sûr, ce qui est important c'est de pouvoir choisir.

De toutes façons c'est un terrible débat qui n'a pas fini de susciter les passions.

Merci de l'avoir si bien évoqué !
Honore
Envoyé le :  2/5/2010 10:13
Modérateur
Inscrit le: 16/10/2006
De: Perpignan
Envois: 39531
Re: Je t'en supplie: donne-moi la mort
J'aurais regretté de n'avoir lu ton texte tellement bouleversant et tellement juste dans sa pensée à la fois humaine et philosophique. un grand merci pour cette lecture.
HONORE
Facillire
Envoyé le :  2/5/2010 16:07
Plume de platine
Inscrit le: 30/1/2010
De:
Envois: 2762
Re: Je t'en supplie: donne-moi la mort
Bonjour Automne,

Je te remercie pour tes commentaires,si seulement avec nos petits

moyens on pouvait faire changer les mentalités.








Bonjour Honore,

Je suis ravi que tu ais apprécié mon texte .

J'ai réfléchi longtemps avant de le mettre sur le site.

Sujet très sensible.
Iseult
Envoyé le :  2/5/2010 19:54
Plume d'argent
Inscrit le: 1/4/2009
De: Une jolie banlieue ensoleillée, entre l'azur et l'orge...
Envois: 278
Re: Je t'en supplie: donne-moi la mort
Terrible !!!
J'ai vécu cette tragédie en la personne de mon frère qui ne piuvait ni bouger la tete, ni les mains, ni rien du tout, ni meme cligner des yeux, durant ses quatre mois de réveil, si on peut nommer cet état qui suit un coma profond, de "réveil"...
Je comprends tout, puisque nous avions aussi, pensé, à cette éventualité...
Mais le destin l'a repris sans préavis, quatre mois après son accident de moto (trauma cranien trés grave).
La douleur reste ancrée et rien ne l'atténue, mis à part le temps qui fait un drole d'onguent...

Un récit boulversant qui m'a aussi rappelé le film : le scaphandre !

Je ne sais quoi dire...
Bravo d'avoir su évoquer ce drame qui touche certains, hélas, qui ne peuvent témoigner avant des années.

Merci de ce partage, Erwan, et Ă  bientĂ´t,


----------------

Facillire
Envoyé le :  3/5/2010 14:37
Plume de platine
Inscrit le: 30/1/2010
De:
Envois: 2762
Re: Je t'en supplie: donne-moi la mort
Bonjour Iseult,

Je suis très touché par le décès de ton frère.Je te présente mes sincères

condoléances. Exprimer sa douleur,mettre des mots

sur les sentiments c'est bien.

Parler de ta douleur peut aider d'autres personnes,je ne cacherai pas que c'est pour moi

difficile de lire ton vécu mais en écrivant ce texte j'en étais conscient et je l'assume

pleinement au nom de la dignité humaine.

Amitiés,courage.

Erhan
Iseult
Envoyé le :  3/5/2010 20:13
Plume d'argent
Inscrit le: 1/4/2009
De: Une jolie banlieue ensoleillée, entre l'azur et l'orge...
Envois: 278
Re: Je t'en supplie: donne-moi la mort
Merci Erhan, je suis touchée...
Cela s'est passé il y a de nombreuses années : j'étais une jeune adulte, et lui de même. Le vide qu'il a laissé ne sera jamais comblé. Nous étions frère et soeur, mais fusionnels, à la manière des faux-jumeaux, ayant vécu ensemble nombre de drâmes familiaux et nous nous réconfortions.
Je te remercie pour tes doux mots, mon ami.
Bisous et toute mon amitié.


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Facillire
Envoyé le :  4/5/2010 9:00
Plume de platine
Inscrit le: 30/1/2010
De:
Envois: 2762
Re: Je t'en supplie: donne-moi la mort
Merci

Erhan
wardatarifit
Envoyé le :  15/5/2010 0:28
Plume d'or
Inscrit le: 16/11/2008
De: maroc/tanger
Envois: 1488
Re: Je t'en supplie: donne-moi la mort
quand on vois un accident,on ne pense plus que ca peut arriver a nous aussi la même chose,on crois qu'on es pas concerné,mais tout peut arrivé au moment ou on s'attends pas,

j'ai lu ton texte et je te remercie d'avoir évoquer ce sujet très important,
amicalement
houria


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Aimer jusqu'à la déchirure Aimer, même trop, même mal, Tenter, sans force et sans armure, D'atteindre l'inaccessible étoile.

.(jacques brel)

Facillire
Envoyé le :  15/5/2010 11:41
Plume de platine
Inscrit le: 30/1/2010
De:
Envois: 2762
Re: Je t'en supplie: donne-moi la mort
Merci Houria,

Amitiés,Erhan
randa
Envoyé le :  6/6/2010 14:24
Plume d'argent
Inscrit le: 2/10/2009
De: algerie
Envois: 238
Re: Je t'en supplie: donne-moi la mort
Toute ma famille est touchée par ton triste histoire .Dieu est avec toi
(Et la vie continue malgré nous) bonne chance.Randa.
Facillire
Envoyé le :  7/6/2010 15:29
Plume de platine
Inscrit le: 30/1/2010
De:
Envois: 2762
Re: Je t'en supplie: donne-moi la mort
Merci Ă  toi et Ă  toute ta famille.

Amitiés,Erhan
Mostafa
Envoyé le :  8/6/2010 18:15
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 2/5/2008
De: AGADIR.MAROC
Envois: 14894
Re: Je t'en supplie: donne-moi la mort
Quelle histoire bouleversante et terrible!Cette condition humaine sans issue et sans espoir est horrible et effrayante! avons-nous ce droit; celui de donner la mort même dans des cas aussi désespérés comme celui-là? Sommes-nous assez inhumains et indifférents pour laisser ces malades souffrir pour rien? C'est un dilemme affreux, cauchemardesque, insupportable!
je pense que chez nous aussi ,c'est interdit, surtout par notre religion qui affirme que seul Dieu Ă  ce pouvoir de donner la mort.
J'ai lu ce texte bouleversant avec beaucoup de questionnements et d'Ă©motions. Dois-je le dire: Moi, j'aiderai cet homme Ă  partir.


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Ma vie n'est plus une barque dans une mer enragée
Et je ne suis plus le naufragé!
...............................................................................................
Mostafa, point fat, seul, las, si doux, rĂŞvant de sa mie!!!

Facillire
Envoyé le :  10/6/2010 16:50
Plume de platine
Inscrit le: 30/1/2010
De:
Envois: 2762
Re: Je t'en supplie: donne-moi la mort
Grand merci Mostafa
cyrael
Envoyé le :  1/5/2011 20:37
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 30/10/2005
De: ****
Envois: 83541
Re: Je t'en supplie: donne-moi la mort


je lis,

je laisse le silence
prendre la PLACE DES MOTS

texte

Ă©mouvant, puissant, intense..




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Facillire
Envoyé le :  1/5/2011 20:44
Plume de platine
Inscrit le: 30/1/2010
De:
Envois: 2762
Re: Je t'en supplie: donne-moi la mort
Merci Cyrael,

Un texte Ă©crit dans la douleur.

J'espère avoir respecté la pudeur

nécessaire.

Amitié,Erhan
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