Ce premier mot
L’inaccessible regarde en mon âme
Comme un point au berceau de la nuit,
Comme une aurore qui lentement se fane
Aux lueurs fébriles d’un jour promis.
N’en finiras tu jamais de m’étreindre
D’habiter en chaque endroit de mon corps,
Ne vois tu pas ce qui vient s’éteindre
En mes sanglots qui sondent la mort.
Oh ! douleurs qui passez, n’écoutez pas
Ces ruisseaux d’eau trouble au chant douloureux,
Ne regardez pas mes mains tremblantes d’où s’en va
Déjà le souvenir maladif d’un adieu.
Je te hais dans mes silences désespérés,
De cet Ă©cueil oĂą je saigne de ton sang,
Sur ton regard qui fut le premier
Au bas de ton ventre, tout sanglant.
Sais tu combien je t’aime aussi
Dans cet amour qui rassure et s’évapore,
Jusque sur les cimes d’une tristesse infinie
OĂą je meurs en toi de port en port.
Et ce mot, là , enfoui dans la pénombre
D’un passé qui ne sait plus où se jeter,
Ce mot qui sur mes lèvres jette son ombre,
Dis moi pourquoi je ne peux le prononcer.
Je sais qu’il se penchera sur moi un jour
Dans ce désastre flanqué de quelques tombes,
Mes larmes auront fait un immense détour,
Le trouveras tu là dans les décombres.
Ce premier mot qui nourrissait mes lèvres,
Ce mot qui appelle au seuil de notre mort,
Ce mot sans frontière que l’amour célèbre
L’entendras tu trembler si tu dors.
Oh ! douleur qui passez là obstinée
Allez votre chemin, il est grand temps,
L’homme que je suis et qui vient blessé
Marche, enfant, vers la tombe pour dire, maman.
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Ne méprisez la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie. ( Ch. Baudelaire )