Je serai l'églantine au détour des jasmins.
Je serai l’églantine au détour des jasmins.
Voler le feu des Dieux pour éclairer la terre. Chaque instant nous sera un départ pour Cythère.
Se faire photon ; vibrer d’irrésistible et brûler tous pontons. Il est interdit de regagner la rive : nager en eaux troubles mènera au Cristal.
Le mot. Fin ultime et genèse, source et delta de nos vies délivrées ; qu’il consume l’instant jusqu’au prisme solaire, la parole livrée sera lilas stellaire.
Je serai la Cathare aux murs de Montségur ; ne jamais abjurer ma foi de charbonnière : mes poèmes me sont citadelle du vertige.
Aimer comme on hurle, ne jamais renoncer. Repeindre l’arc-en-ciel jusqu’au creux des orages, mais ne pas se donner comme on livre un otage.
Je suis ton amadou, ton silex d’étincelles, ta poussière d’étoile ; incandescente, je palpite de mots comme un cœur nouveau-né. Il veut vivre et se bat, laisse le s’envoler.
Vivre est absurde, et si merveilleux. Sordide et sublime en combat éternel de l’Ange et de la Bête : trouver son chemin et ne jamais se perdre, rester petit poucet en dépit de ses ogres.
Je serai l’églantine au détour des jasmins, modeste épiphanie d’un printemps en déclin. Respire, et tu nous sauveras.
Marche en mes prairies, il y vit tant de grillons que nos nuits carillonnent ; arrivé au ruisseau, tu boiras les eaux vives des glaciers de mon âme.
Ne m’apprivoise pas ; chaque soir au sabbat de nos lunes orangées je saurai te rejoindre en éternelle fée. Mes mots muguets tintinnabulent, ne les cueille surtout pas.
Rejoins dormeurs du val ; viens, étends toi en nos mousses, je te lirai la vie comme on enfante un monde.
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"Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue:
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue.
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler:
Je sentis tout mon corps et transir et brûler."
Racine, "Phèdre"...