Il aurait me dit-on un parfum de framboises...
Et si nous nous perdions
Si soudain le fil se cassait
Si tu cessais de m’écrire
Si je ne composais plus ces infinis poèmes
Si ta voix se perdait aux confins des délires
Si d’autres Ophélies te devenaient désirs
Si nos rêves brisés en devenaient inertes
Si tu riais en me voyant
Si tu me trouvais laide
Si je te trouvais moche
Si nous étions gênés
Si de ces mondes opaques ne restait que la flamme
Vacillante d’une vague amitié
Si tu me repoussais
Si je repartais en courant
Si je me cachais en t’apercevant au loin
Si tu jetais la rose que tu avais à la main
Si nous avions imaginé
Tout un film impossible
Si je me retenais
Me tenant au vertige
Reprenant ma raison
Redorant mes blasons
Si tu te laissais embobiner
Par les langues de vipères
Par ceux qui vocifèrent
Elle est vieille elle est moche
Si tu redevenais un parfait étranger
Si je cessais de t’écrire de te dire que je t’aime
Si tu oubliais un jour de me dire bonne nuit
Si soudain je ne te nommais mon amour
Si nous nous perdions avant même les retrouvailles
Si nous nous oubliions avant même les épousailles
Si tu ne connaissais jamais la couleur de ma peau
Si nous ne l’osions jamais ce baiser attendu
Si nulle chambre noire n’abritait nos amours
Si aucun blé en herbe ne se couchait sous nos embrassades
Si tes lèvres ouvertes ne glissaient pas sur mes hanches
Si mes courbes offertes ne s’ouvraient pas sous tes mains
Si je ne venais pas m’asseoir sur toi
Me glisser en toi
Me donner à toi
Si nous n’apprenions jamais le langage des amants
Nous contentant des bribes des désirs bienséants
Si nous n’osions de fait traverser les orages
Apeurés trop inquiets en manque de courage
Si nous restions à quai
Au port à la maison
Si jamais nous n’osions ce merveilleux voyage
Oh mon ami de grâce
Nous le regretterions
Ne nous perdons jamais
Nous en serions perdus
Ne nous quittons jamais
Nerver more
Nervermind
Soyons des la race des tenaces
Gardons nous
Tenons le cap
T’es cap
Il y aura les jours et il y aura les nuits
Il y aura le vent le soleil les tempêtes
Et tous ces corps à corps et ces heures de fêtes
Il y aura l’amour et la joie et la vie
Et nos murmures fous et nos mille tendresses
Et nous ferons ainsi provision d’infini
Ce sera comme une aube essentielle à nos nuits
Un levant éternel une autre galaxie
Il est normal de craindre ce que l’on ne connaît
Le bonheur s’apprivoise :
Il aurait me dit-on un parfum de framboises…
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"Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue:
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue.
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler:
Je sentis tout mon corps et transir et brûler."
Racine, "Phèdre"...