En donjon clos à vils et veules...
Je ne dirai plus jamais je t’aime
J’ai trop mal vous me méprisez
Je ne serai plus jamais la même
Je suis morte à jamais blessée.
Je ne lirai plus carte des tendres
Ni au vent doux n’aimerai m’étendre
Plus personne ne me saura dire
Suis épuisée de vos médire
Je ne rirai plus matins clairs
Ni ne serai murmurante
A jamais fermés mes yeux verts
Sur mes souvenirs d’amante
Trop de dénis trop de souffrances
Trop de dégoûts trop de méfiances
Il n’existe pas je pense
Celui qui saurait me redonner confiance
Je ne dirai plus jamais je t’aime
Car je me sens comme souillée
Mes blancs moutons n’ont plus de laine
La bergère de pluie noire est mouillée
Ils sont partout tous les vautours
Qui s’acharnent avides sur ma carcasse
Ils se pavanent en beaux atours
Et attendent que ma chair trépasse
Mais moi je veux aussi une âme
Un cœur un souffle un élixir
Ma peau est douce je suis une femme
Mais de mes sens ne veux rougir
Plus jamais je ne dirai je t’aime
Car cela me semble anathème
Et désormais je vivrai seule
En donjon clos à vils et veules.
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"Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue:
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue.
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler:
Je sentis tout mon corps et transir et brûler."
Racine, "Phèdre"...