Tapit dans son coin, esclave d’homme qu’elle ne connaît point,
Elle n’a pas choisis son sort et reste muette dans sa pénitence,
Ces maîtres viennent à elle et lui jette leurs corvée du quotidien,
Et comme un détenu, exécute sa sentence.
Elle ne dit mot et elle attend infiniment
Cette dame trop souvent délaissé à elle-même
Elle renferme tant de trésors rejetés par ces gens
Et réfugié dans son coin vit sa vie de bohême.
Elle attend patiemment, ces jours qu’elle chérit tant,
Où dès l’aube elle respire la brise fraiche du matin
Elle s’escape sous les premiers rayons du soleil levant,
Reposant dans son coin, elle continue d’attendre en vain.
Elle s’impatiente de ces hommes qui ne viennent que pour elle,
Et chaque fois elle s’ouvre aux contacts de ces amants,
Leur offrant à jamais ces trésors qu’elle décèle
Avant de revenir entre les murs clos oĂą elle attend les jours suivant.
Elle se pare telle une grande femme, de différente tenue,
Détenant un sac éphémère qui y cache ces fortunes,
Coquète malgré elle, souvent bleue grise ou de jaune vêtue,
Elle garde auprès d’elle ces magots qu’on lui donne avec amertume.
Elle détient tant de secret – Oh si vous saviez ! –
Ces secrets qu’elle donne à ces hommes de bonté
Puis scellés à jamais dans l’oublis,
Les voilà qui s’amoncèlent dans un tas de débris.
Elle détient un nom qu’elle doit à son père qui repose depuis des temps,
Un père qui aurait voulu qu’elle soit belle à en entendre son nom
Pourtant, il semble que vous-même n’en pensiez pas autant,
Car chez vous, dans son coin repose Mademoiselle Poubelle.
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