Songe d'une nuit d'automne...
Songe d’une nuit d’automne…
Si tu m’aimais je me ferais galet lisse
D’une plage infinie aux couleurs métissées…
Je serais dans ta main comme boîte à malice,
Mes rondeurs t’offriraient mille vies à tisser.
Si tu m’aimais je me ferais peupleraie
A parcourir, beau livre ouvert sur l’infini :
Mes ombrages abriteraient tous nos secrets,
Mes troncs élancés refléteraient tes envies.
Si tu m’aimais je deviendrais tendre arôme,
Mes senteurs nostalgiques auraient raison de toi ;
Tous mes chemins fous te mèneraient à Rome :
Citron, miel, mélisse, caramel ou chocolat.
Si tu m’aimais je deviendrais si mutine
Que tous les anges au ciel regarderaient en bas !
Nos ébats feraient trembler vents et collines,
Nos malheurs eux-mêmes en riraient aux éclats.
Si tu m’aimais je deviendrais galion :
Nos cordages ouvriraient toutes les Amériques,
Nos voiles blanches feraient taire le talion.
Je deviendrais ta marque de fabrique.
Si tu m’aimais, oui, si tu existais…
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"Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue:
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue.
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler:
Je sentis tout mon corps et transir et brûler."
Racine, "Phèdre"...