Un pont entre deux rives... A Fabrice, le dernier SamouraĂŻ.
Rentrer en taille S
Mon dieu, quelle ivresse !
Je n’en crois pas mes yeux
C’est vraiment un 38
Après toutes ces fuites
Ces pots de nutella
Et puis les petits gâteaux
Et ces longues tuniques
Qui cachaient les malheurs
Un vrai grand bonheur
Sentir ces petits os
Vous savez aux Ă©paules
Bon faut bien se pencher
Pour qu’ils saillent vraiment
Je ne serai jamais sarment
Ni brindille n’exagérons pas
Mais finies les broutilles
Terminées en orgies
Je ne noie plus chagrin
Dans gros pot de Câlin
Ni toutes déceptions
En finissant gratin
C’est venu comme ça
Après 30 ans de graisse
Après quolibets et insultes
Puisque j’étais ogresse
Un matin différent
Je me suis mise Ă courir
Et pédaler aussi
Au Canal du Midi
Un été très slim fast
Et puis je n’avais plus faim
25 en moins d’une saison
Comme ça sans raison
Après années souffrance
Après mille yoyos
Après humiliations
Et tant de frustrations
J’avais 43 ans la première fois
Qu’un homme m’a souri dans la rue
Vraiment pour mes yeux verts ma ligne et la lumière
Et pas pour se moquer de la dondon qui passe
Comme un coup de poignard après années d’errance
Un vent d’adrénaline plus besoin de cuisine
Ce corps oui m’appartient il est là il est mien
Je le dresse à aimer à vivre à désirer
Et soudain les plaisirs se font comme une ivresse
Les douceurs ignorées deviennent forteresse
J’ai le droit d’exister et même d’en jouir
Et puis tous les jaloux ceux qui ne reconnaissent
Plus la vile canne en cygne transformée
Et qui soudain regrettent la grosse trop enjouée
Je suis devenue acier fer et même béton
Plus personne ne peut commander ma raison
Je décide
Je choisis
Je pars ou bien je reste
Et puis j’aime boire rire et même aimer
Le rire est resté car clown triste à jamais
Je crois encore devoir me faire pardonner
Des kilos imaginaires à jamais accrochés
En ma peau de misère si blessée torturée
Je ne serai jamais belle
Il est tard je le sais
Jeunesse passée en rêve
Les autres les admirées
Je les voyais passer
En Dianes chasseresses
Et moi la petite grosse
Qui faisait tapisserie
Je m’offrais je souffrais
Je me faisais souiller
Aujourd’hui
Même si je peux fierté porter
Au fond de moi je pleure
Et je me sens affreuse
Je me vois encore
Affublée d’oripeaux
Engluée de graisses
Affamée de tendresses
Chaque inconnue qui passe
Est plus belle que moi
C’est ancré c’est tatoué
En mémoire désarroi
Alors je ris très fort
On me croit invincible
Je me la joue Sharon
Mais je suis Balasko
Et puis je sais aguerrie
Qu’il est bien tard aussi
Et que chaque seconde
Qui passe à nouveau me flétrit
Vous qui ne voyez pas
Combien je fus violée
En mon intime de femme
A jamais dévastée
Par toutes ces souffrances
Ce manque de beauté
Pardonnez mes offenses
Mes folles insolences
J’ai tant envie de vivre
Et d’être un peu aimée
C’était la petite complainte
Après regard mesquin
D’une vendeuse éteinte
Me disant méprisante
« Elle va être serrée »
Mais me voilĂ flottante
En tunique collée
Papillon feuilles mortes
Joies d’automne en tissu
Migrations de sourires
Et je me sens oiseau
Oh parlez moi d’envols…
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"Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue:
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue.
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler:
Je sentis tout mon corps et transir et brûler."
Racine, "Phèdre"...