Ce que j’écris n’est rien d’autre que la part de moi que je ne peux laisser voir telle qu’elle est.
Doute, fragilité, hypersensibilité au charme et empathie maladive : il y a là peu d’aveux qu’il est aisé de faire en public.
Les mots sont des contrées où j’édifie les totems de tout un peuple de visages. Je sculpte comme je peux les sons et les frissons, les odeurs et les peurs. Je m’acharne à garder bien écrite en ma page, la moindre trace de beauté qui traverse ma vie car en- dehors de cela, que reste t- il à vivre ?
J’ai appris à aimer la beauté dans les films et la photo, dans le génie de l’œil de celui qui vous plante, figé dans vos chaussons par l’intensité fugace d’une image de passage, douce, brutale, sensuelle, amère… La poésie est partout à qui sait s’en saisir. La rendre est plus difficile.
Je suis dur et solide, affûté dira t- on… mais qu’est- ce que cela pèsera quand on aura lu tout ça ? Assumer sa part d’ombre, ou celle de féminité, c’est tellement dans le vent. Mais quand le vent souffle dans toutes les directions, comment savoir où poser sa personne ?
Je finis par me dire en passant par chez vous, que c’est vers mon papier qu’elle ira plus à l’aise.
----------------